âïžInĂ©ligibilitĂ© de Marine Le Pen : une dĂ©cision judiciaire sous haute tension
Le 31 mars 2025, le tribunal correctionnel de Paris a lĂąchĂ© une bombe dans le paysage politique français : Marine Le Pen, figure incontournable du Rassemblement National (RN), a Ă©tĂ© condamnĂ©e Ă quatre ans de prison, dont deux ferme sous bracelet Ă©lectronique, et surtout Ă cinq ans dâinĂ©ligibilitĂ© avec exĂ©cution provisoire.
Une sentence qui, si elle tient, pourrait la priver de la présidentielle de 2027.
Mais derriĂšre ce verdict, une tempĂȘte fait rage : entre accusations de partialitĂ© judiciaire et appels Ă la mobilisation, la polĂ©mique enfle.
Alors, la justice a-t-elle voulu couper les ailes dâune adversaire trop encombrante ?
Marine Le Pen est-elle condamnĂ©e parce qu’elle est Marine Le pen ?
Je plonge dans le dossier.
Un jugement qui fait des vagues
Lâaffaire des assistants parlementaires europĂ©ens du RN, un feuilleton qui traĂźne depuis des annĂ©es, a enfin accouchĂ© dâune dĂ©cision.
Marine Le Pen et neuf eurodĂ©putĂ©s du parti ont Ă©tĂ© reconnus coupables de dĂ©tournement de fonds publics, accusĂ©s dâavoir utilisĂ© lâargent du Parlement europĂ©en pour payer des assistants qui bossaient en rĂ©alitĂ© pour le RN.
La sentence est lourde, et lâinĂ©ligibilitĂ© immĂ©diate, mĂȘme en cas dâappel, a mis le feu aux poudres.
Le RN crie au scandale, Jordan Bardella dĂ©nonce une « tyrannie des juges », et Marine elle-mĂȘme parle dâune « bombe nuclĂ©aire » larguĂ©e par « le systĂšme ».
Ă lâinternational, mĂȘme le Kremlin et lâadministration Trump sâen mĂȘlent, pointant une atteinte Ă la dĂ©mocratie. Ambiance.
Le syndicat de la magistrature en premiĂšre ligne
Face aux réactions virulentes, le Syndicat de la Magistrature (SM), connu pour ses positions progressistes, est monté au créneau.
Dans un communiquĂ©, il refuse de commenter le fond du jugement mais fustige les « remises en cause de lâautoritĂ© judiciaire » et les « accusations de justice partiale ».
Le SM appelle Ă faire front contre les attaques du RN, qui nâhĂ©site pas Ă menacer les magistrats.
Légitime, cette posture ? Oui et non.
Dâun cĂŽtĂ©, protĂ©ger lâindĂ©pendance de la justice est une mission noble dans un Ătat de droit.
De lâautre, le SM, souvent taxĂ© de penchants Ă gauche, donne du grain Ă moudre Ă ceux qui soupçonnent une politisation des juges.
Quand une organisation syndicale prend position dans un dossier aussi explosif, difficile de ne pas y voir un drapeau idéologique.
Un juge peut-il ĂȘtre influencĂ© par ses opinions ?
La question qui brĂ»le les lĂšvres : les juges ont-ils condamnĂ© Marine Le Pen parce quâils la dĂ©testent ?
En thĂ©orie, non. Les magistrats sont tenus Ă une impartialitĂ© stricte, et le procĂšs sâest appuyĂ© sur des annĂ©es dâenquĂȘte, des preuves concrĂštes â 474 000 euros dĂ©tournĂ©s selon le tribunal.
Mais en pratique, lâhumain reste humain. La prĂ©sidente du tribunal, BĂ©nĂ©dicte de Perthuis, avait lĂąchĂ© lors du procĂšs une phrase qui rĂ©sonne encore : « Ăa me ferait mal » de relaxer partiellement un prĂ©venu.
Une sortie qui, pour le RN, sent le parti pris. Sans preuve dâun complot, cette dĂ©claration jette une ombre : un juge peut-il vraiment trancher un dossier aussi politique sans que ses convictions personnelles ne frĂŽlent la balance ?
Le doute est là , et il suffit à alimenter la polémique.
Un juge peut-il condamner avec ses lunettes politiques ?
Un juge, en France, nâa pas le droit de balancer une sentence en se laissant guider par le vent de ses convictions politiques.
Le deal, câest lâimpartialitĂ© : Code de procĂ©dure pĂ©nale et Convention europĂ©enne des droits de lâhomme en main, il doit trancher avec les faits, les preuves, et la loi, point barre.
Sâil dĂ©rape, le Conseil supĂ©rieur de la magistrature peut lui tomber dessus : blĂąme, mutation, ou mĂȘme un ticket pour la sortie.
Et la personne politique qui se sent piĂ©tinĂ©e ? Elle dĂ©gaine lâappel pour remettre les pendules Ă lâheure devant une cour plus haute, ou elle cogne au CSM pour crier au scandale Ă©thique.
Voire, si ça chauffe, elle balance une plainte pour partialité ou abus, et pourquoi pas une récusation si le cirque est encore en piste.
Une justice sous pression
Ce verdict, avec son exécution provisoire, place la justice française dans une position délicate.
En rendant Marine Le Pen inĂ©ligible avant mĂȘme un appel, les juges prennent un risque : celui de passer pour des acteurs politiques plutĂŽt que des gardiens du droit.
Le SM a beau dĂ©fendre ses troupes, la suspicion dâun agenda cachĂ© plane.
Et pendant ce temps, le RN transforme cette condamnation en carburant pour mobiliser ses électeurs, jurant que le peuple aura le dernier mot.
LâinĂ©ligibilitĂ© de Marine Le Pen nâest pas quâune affaire de loi, câest un bras de fer entre institutions et politique.
Ă suivre, de trĂšs prĂšs.