Un manuscrit oublié sur Merlin et Arthur ressurgit grâce à la technologie. Découvrez ses révélations sur le roi légendaire et son sorcier !
Imaginez un instant : un bout de parchemin, vieux de 700 ans, qui raconte les exploits de Merlin et du roi Arthur, planqué comme un clandestin dans la reliure d’un registre élisabéthain poussiéreux.
Pendant quatre siècles, ce fragment de la Suite Vulgate du Merlin, un manuscrit médiéval français si rare qu’on en compte moins de 40 dans le monde, a dormi, oublié, recyclé par des archivistes du XVIe siècle pour protéger des actes de propriété.
Mais voilà, la technologie a décidé de jouer les héros : des chercheurs de la bibliothèque de l’université de Cambridge ont sorti leurs gadgets high-tech pour révéler ce trésor arthurien, et c’est une claque pour tous les passionnés de légendes médiévales.
Merlin, le sorcier caméléon, reprend vie
Dans ce fragment, Merlin n’est pas juste un vieux barbu qui agite une baguette.
Non, il se transforme en harpiste aveugle, disparaît, puis revient sous les traits d’un gamin chauve qui donne des ordres à Arthur, tout nu, comme si de rien n’était.
Ce Merlin, dont les pouvoirs viendraient d’une enfance passée avec le diable, demande à porter l’étendard d’Arthur sur le champ de bataille.
Le roi, malin, accepte, et il a bien raison : Merlin débarque avec un dragon cracheur de feu, une arme secrète qui fait trembler les ennemis.
Ce texte, datant d’une copie de 1300 mais écrit vers 1230, montre un Arthur jeune, héroïque, qui épouse Guenièvre, crée la Table Ronde et s’appuie sur Merlin pour affronter les Saxons.
Un vrai blockbuster médiéval, adoré à l’époque par les nobles dames.
La technologie au secours d’un manuscrit arthurien
Ce manuscrit arthurien, plié et cousu dans un registre de 1580, aurait pu être détruit si on avait tenté de le déplier à l’ancienne.
Mais les chercheurs ont sorti l’artillerie lourde : imagerie multispectrale, tomodensitométrie, modélisation 3D.
Résultat ? Ils ont pu lire le texte sans y toucher, en le dépliant virtuellement.
Auparavant, il était catalogué comme l’histoire de Gauvain. Il n’avait pas été correctement inventorié
confie Irène Fabry-Tehranchi, spécialiste du français à Cambridge.
Personne n’avait même noté qu’il était en français.
Quand elle a compris que ce fragment parlait de Merlin et de ses métamorphoses, l’excitation était à son comble.
La caméra multispectrale, un bijou à plus de 100 000 £, a capturé 49 images par page, jouant avec des longueurs d’onde, de l’ultraviolet à l’infrarouge, pour faire ressortir des encres délavées.
Les techniques d’imagerie spécialisées qui ont été employées sur le fragment de Merlin ont révélé des détails qui ne seraient pas visibles à l’œil nu. Différentes encres et différents papiers réagissent différemment aux différentes lumières
explique Amélie Deblauwe, technicienne photo.
Un puzzle médiéval reconstitué
Le défi était colossal : accéder aux mots cachés dans les plis du parchemin.
Les restaurateurs ont glissé une lentille macro-sonde dans les interstices, prenant des centaines de clichés, parfois avec des miroirs pour capturer des zones tordues.
L’objectif peut s’approcher très près d’un objet
précise Błażej Władysław Mikuła, technicien.
Le texte, écrit en vieux français par un scribe inconnu du nord de la France, a été reconstitué comme un puzzle.
Nous ignorons qui a écrit ce texte. Nous pensons qu’il s’agit probablement d’un exercice collaboratif.
ajoute Fabry-Tehranchi.
Ce fragment, qui prolonge un récit de 1200 où Merlin orchestre la naissance d’Arthur, éclaire les débuts du règne du roi et sa quête du Saint Graal.
Un trésor arthurien qui, grâce à la technologie, parle à nouveau.
