Quand Monsieur Mouch ridiculise les figurines IA avec un starter pack sans filtre
Mais bordel, c’est malin, c’est brillant, c’est tout ce que j’aime ! Pourquoi je me suis contenté de suivre la vague des figurines comme un pion, alors que j’aurais pu faire un truc aussi vif et vrai ?
Quand Monsieur Mouch, conteur nantais au verbe acéré, décide de répondre à la vague des starter packs, ces figurines numériques vomies par l’intelligence artificielle, il ne fait pas dans la dentelle.
Pas d’algorithmes, pas de pixels clinquants, juste un homme, une guitare, un marteau, une pince multiprise, un carnet, une bouteille de vin, et une bonne dose de culot.
Allongé au sol, il compose son « pack de démarrage » à l’ancienne, un geste qui claque comme une gifle au tout-virtuel.
Mais derrière ce pied de nez, il y a plus : une révolte contre une société qui s’emballe pour des jouets énergivores et des identités préfabriquées.
Les starter packs, ou la grande mascarade numérique
Depuis quelques semaines, les réseaux sociaux s’enflamment pour ces « starter packs ».
Pour ceux qui auraient hiberné, un starter pack, c’est une sorte de portrait en 3D, façon poupée sous blister, qui encapsule une personne à travers des objets censés la définir.
Une tasse de café pour l’addict au latte, une paire de baskets pour le joggeur du dimanche, un smartphone pour… eh bien, tout le monde.
Générés par des IA gourmandes en électricité et en eau – un détail qu’on oublie trop souvent –, ces avatars cartonnent.
Même les politiciens s’y mettent, à l’image d’un certain ministre de l’Intérieur qui a cru bon d’exhiber son pack avec un képi et une calculette.
Sérieusement ? On dirait une parodie, mais non, c’est bien réel.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) April 11, 2025
Le problème, ce n’est pas juste l’esthétique discutable de ces figurines.
C’est ce qu’elles disent de nous. À force de vouloir tout condenser – nos passions, nos manies, notre essence – dans une boîte en plastique virtuel, on finit par se réduire à une caricature.
Et pendant qu’on s’amuse à jouer les poupées, les serveurs tournent à plein régime, engloutissant des ressources à une vitesse folle.
La production d’images par IA consomme autant d’énergie qu’une petite ville en une journée.
Alors, quand tout le monde s’extasie sur son double numérique, Monsieur Mouch, lui, pose un regard lucide : il dit stop.
Monsieur Mouch, l’artisan du réel
À Nantes, Monsieur Mouch n’est pas juste un conteur.
C’est une figure, un agitateur d’idées qui manie l’ironie comme d’autres le pinceau. Depuis des années, il secoue les consciences avec ses histoires, ses chansons, ses performances.
Son blog satirique, « Nantes Original News« , a déjà fait trembler les notables locaux avec des scoops absurdes mais crédibles, comme cette tornade fictive place Graslin qui a affolé 50 000 lecteurs.
Mouch, c’est l’art de détourner, de provoquer, de rappeler qu’une info, même bien emballée, peut être bidon. Pas étonnant qu’il ait pris les starter packs en grippe.
Pour répondre à cette mode, il n’a pas cherché à rivaliser avec la technologie.
Pas d’écran, pas de logiciel. Il s’est allongé par terre, entouré d’objets qui parlent de lui : une guitare pour ses chansons, un marteau et une pince pour son côté bricoleur, un carnet pour ses mots, une bouteille de vin pour la convivialité.
Et cette phrase, « artiste conteur et auteur bricoleur », comme une signature.
Postée sur Facebook, l’image a fait le tour du web local, ramassant des likes et des partages par centaines. Pourquoi ? Parce qu’elle respire l’authenticité dans un monde qui en manque cruellement.
Un acte de résistance face à l’IA
Ne vous y trompez pas : ce geste n’est pas juste une blague.
C’est un manifeste. En refusant l’IA, Mouch pointe du doigt une dérive. Ces algorithmes qui nous fascinent sont des gouffres écologiques.
Un seul modèle d’IA, comme ceux qui génèrent ces figurines, peut consommer l’équivalent de plusieurs tonnes de CO2 pour être entraîné, d’après une étude de l’MIT.
Et pendant qu’on s’émerveille devant nos avatars, des data centers pompent l’eau des rivières pour refroidir leurs machines.
Mouch, avec son pack artisanal, ne se contente pas de moquer la tendance ; il nous force à regarder l’envers du décor.
Mais il y a plus. Ces starter packs, en nous réduisant à une poignée d’objets, nous enferment dans des cases. Ils flattent notre ego – « oh, regardez comme je suis unique avec mon yoga et mon thé matcha » – tout en nous standardisant.
Mouch, lui, choisit le désordre du réel. Ses objets ne sont pas là pour le définir, mais pour raconter une histoire.
Une guitare, c’est des nuits à gratter des accords, des éclats de rire, des ratés.
Un carnet, c’est des ratures, des idées folles, des bouts de vie.
Son pack, c’est un refus de se laisser simplifier.
Pourquoi ça nous parle
Si l’image de Mouch a autant circulé, c’est qu’elle touche une corde sensible. On est nombreux à sentir que quelque chose cloche dans cette frénésie numérique.
On like, on partage, on consomme, mais au fond, on se demande : à quoi ça rime ? Quand un type comme Mouch prend le contre-pied, ça fait du bien finalement.
Ça rappelle qu’on peut encore créer sans passer par une machine, qu’on peut encore être soi sans se plier aux algorithmes.
Son geste, c’est un clin d’œil à tous ceux qui en ont marre des filtres, des trends, des injonctions à être « parfaitement marketable ».
Et puis, il y a cette énergie nantaise, ce mélange de débrouille et de poésie. Mouch incarne une ville qui ne se prend pas trop au sérieux, qui sait rire d’elle-même tout en posant des questions profondes.
À l’heure où les métropoles se rêvent toutes en Silicon Valley bis, Nantes garde un côté humain, imparfait, vivant.
Le pack de Mouch, c’est un peu ça : un bout de territoire qui résiste à l’uniformisation.
Et maintenant ?
Monsieur Mouch ne va pas s’arrêter là. Ceux qui le suivent savent qu’il a toujours une idée derrière la tête.
Peut-être un nouveau conte, une chanson, une performance pour enfoncer le clou. Ce qui est sûr, c’est que son starter pack a marqué les esprits.
Il a montré qu’on peut répondre à la modernité sans s’y soumettre, qu’on peut être drôle sans être cynique, critique sans être moralisateur.
Alors, la prochaine fois que vous croiserez un starter pack sur votre fil, pensez à Mouch. Pensez à ce type qui s’est couché par terre pour dire : « Je suis là, bien réel, et je n’ai pas besoin de vos machines pour exister. »
Peut-être que vous aurez envie, vous aussi, de poser vos objets fétiches et de raconter votre histoire. Sans IA, sans chichi, juste vous.
Crédit Photos : Facebook