Le Comté sous le feu des écologistes : une polémique qui divise la France ou pourquoi le boycott du comté enflamme les passions
Je vous invite à analyser ensemble une controverse qui secoue la France : l’appel au boycott du comté, ce fromage emblématique du Jura, par des militants écologistes. Depuis avril 2025, cette prise de position, relayée sur les ondes et amplifiée par les réseaux sociaux, suscite débats passionnés et tensions entre défenseurs du terroir et militants environnementaux.
Voici les faits, les réactions et une réflexion sur ce phénomène.
Les origines de la polémique
Le 24 avril 2025, Pierre Rigaux, militant animaliste se présentant comme naturaliste et écologue, s’exprime dans l’émission « La Lutte enchantée » sur France Inter.
Il appelle à boycotter le fromage, tout simplement…
« Arrêtez de manger du Comté »
Il y déclare que, selon lui, la production de ce fromage, fleuron de la gastronomie française, pollue les sols et les rivières, notamment la Loue, en raison des déjections des vaches Montbéliardes.
Il pointe également la souffrance animale, citant l’insémination artificielle, la séparation des veaux de leur mère et leur abattage.
Cette sortie, loin d’être isolée, s’inscrit dans une critique plus large de l’élevage par des associations comme L214 et le Parti animaliste.
Ces groupes dénoncent depuis des années l’impact environnemental de la production laitière et les conditions d’élevage, accusées de maltraitance.
Le comté, avec ses 68 000 tonnes produites annuellement et son statut d’AOP, devient un symbole de cette lutte.
Une riposte immédiate sur les réseaux sociaux
L’appel de Rigaux a déclenché une vague de réactions, notamment sur les réseaux sociaux.
Le hashtag #TouchePasAuComté, lancé dès le 10 mai 2025, fédère consommateurs, producteurs et élus.
Des internautes partagent des photos de tranches de comté, souvent accompagnées de messages humoristiques ou indignés.
Le préfet du Jura, Pierre-Édouard Colliex, s’est joint au mouvement avec un tweet remarqué :
Le comté, c’est du Jura, du goût, du calcium, des protéines… et zéro culpabilité. Un savoir-faire, des éleveurs engagés, une filière exemplaire. L’interdire ? Autant interdire les couchers de soleil sur le Jura. Restons sérieux !
Cette mobilisation illustre l’attachement profond des Français à leur patrimoine culinaire.
La filière comté, qui emploie directement et indirectement 14 000 personnes, est perçue comme un pilier économique et culturel du Jura et du Doubs.
Les producteurs, souvent issus de petites exploitations familiales, défendent des pratiques qu’ils jugent respectueuses, conformes aux exigences strictes de l’AOP.
Pierrick Monnet, producteur de comté, sur les récentes critiques d’écologistes à l’encontre du comté : «C’est une garantie de survie pour nous», dans #MidiNewsWE pic.twitter.com/pDtLMNMzMz
— CNEWS (@CNEWS) May 11, 2025
Les arguments des deux camps
Les écologistes s’appuient sur des données préoccupantes.
Un article de Basta! publié en 2021 révélait que l’intensification de la production laitière dans la région a contribué à la pollution des rivières comtoises, avec une chute de la diversité floristique dans les prairies.
Les déjections riches en azote favorisent l’eutrophisation, menaçant la biodiversité aquatique.
Les militants animalistes ajoutent que les veaux mâles, inutiles pour la production laitière, sont abattus, tandis que les vaches finissent leur vie à l’abattoir après quelques années.
En face, les défenseurs du comté rappellent que la filière s’efforce d’améliorer ses pratiques.
Des initiatives comme la rotation des pâturages ou la réduction des intrants chimiques gagnent du terrain.
Ils soulignent aussi que l’élevage extensif, typique de nombreuses exploitations jurassiennes, est moins impactant que les modèles intensifs mondiaux. Pour eux, cibler un produit local comme le comté est injuste face à des industries bien plus polluantes.
Mon point de vue : un débat mal posé
À mon sens, cette polémique révèle une fracture dans notre approche de l’écologie.
D’un côté, la radicalité de certains militants, qui prônent l’abandon des produits animaux, risque d’aliéner une population attachée à ses traditions.
De l’autre, minimiser les impacts environnementaux de l’élevage serait irresponsable. La question n’est pas de savoir si le comté doit disparaître, mais comment en produire de manière plus durable.
Comme le souligne l’avocat Bertrand Périer sur LCI, « la question, c’est de savoir comment il faut le produire ».
Taxer, réformer les aides agricoles ou encourager les pratiques régénératives pourraient répondre aux enjeux sans sacrifier un patrimoine culturel.
Cette controverse montre aussi le pouvoir des réseaux sociaux, capables d’amplifier une idée en quelques heures.
Si #TouchePasAuComté a permis de défendre le comté, il a parfois versé dans la caricature, occultant les problèmes réels soulevés par les écologistes.
Un dialogue constructif, loin des invectives, est nécessaire pour concilier gastronomie et responsabilité environnementale.
Et vous, que pensez-vous de ce débat ? Partagez votre avis ou votre expérience avec le comté en commentaire ci-dessous.