Entre la France et l’Algérie, c’est une vieille histoire d’amour-haine qui pue encore la poudre et le mépris, 63 ans après l’indépendance algérienne de 1962.
Aujourd’hui, en février 2025, le torchon brûle plus que jamais, avec des tensions dignes d’un mauvais polar géopolitique.
Le passé colonial, les refus d’accueillir les Algériens sous OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français), et une guerre de mots où humiliation et moqueries font rage : plongeons dans ce bourbier méditerranéen.
Un passé qui pèse comme une ancre
Tout commence en 1830, quand la France envahit l’Algérie après l’incident de l’éventail – un consul français giflé par le Dey d’Alger, un prétexte pour 132 ans de domination brutale.
La guerre d’indépendance (1954-1962), qui a coûté des centaines de milliers de vies, a laissé des plaies béantes.
Emmanuel Macron, en 2021, a qualifié cette période de « crime contre l’humanité », mais sans jamais offrir les excuses demandées par Alger.
En 2022, il visitait l’Algérie, promettant un comité d’historiens pour apaiser les mémoires, mais le fiasco continue.
Les Algériens n’oublient pas les massacres, les tortures, ni les 37 crânes d’insurgés exposés en France, rapatriés en 2020 – un geste symbolique, mais bien tardif.
Échanges actuels : un commerce sous tension
Sur le plan économique, les liens persistent, mais frémissent.
La France importe 8 % de son gaz et 10 % de son pétrole d’Algérie, soit 5 à 6 milliards d’euros par an en 2024.
Mais depuis l’appui de Macron au plan marocain sur le Sahara occidental en octobre 2024, Alger a gelé la coopération, limitant les entreprises françaises à un strict minimum.
Les visas, eux, sont une arme : en 2021, Paris a réduit de moitié ceux pour les Algériens, réagissant à leur refus de rapatrier leurs nationaux sous OQTF.
En 2025, la France accuse Alger de « humiliation » pour avoir renvoyé un influenceur expulsé, Boualem Naman, en janvier, déclenchant une crise diplomatique.
Les tensions et les refus d’OQTF : un bras de fer brutal
Depuis 2023, Alger bloque systématiquement les laissez-passer consulaires pour les OQTF, forçant des « va-et-vient » d’avions entre Paris et Alger, comme en août 2024 après le soutien français au Maroc.
Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur français, a dénoncé en janvier 2025 une « tentative d’humiliation » d’Alger, menaçant de sanctions.
De son côté, Alger traite ces accusations de « mensonges » et raille la « phobie de l’Algérie » en France, comme l’a dit l’ex-diplomate Abdelaziz Rahabi.
En novembre 2024, l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, critique du régime, est vue comme une riposte à Paris.
Humiliation et moqueries : un jeu dangereux
Les échanges virent à l’aigre.
En janvier 2025, Abdelmadjid Tebboune, président algérien, a qualifié Sansal d’ »imposteur » et accusé la France de génocide colonial, attisant les rancunes.
Sur les réseaux sociaux, des posts sur X montrent des Algériens raillant la « soumission » française, tandis que Marine Le Pen et le RN dénoncent une « humiliation » par Alger, réclamant l’annulation de l’accord de 1968 sur les Algériens en France.
Ce ping-pong toxique alimente des discours nationaux : en Algérie, l’anti-français est un levier pour le régime ; en France, la droite durcit le ton sur l’immigration.
Aujourd’hui, les relations sont au point mort, entre passé non digéré, intérêts économiques entrelacés et provocations mutuelles.
Peut-on espérer un dégel, ou ce froid glacial durera-t-il ?