En France, jouer les gourous de secte, c’est un rêve qui sent le soufre, mais aussi le tribunal.
En 2025, alors que la planète digitale regorge de « gourous 2.0 » promettant la vie éternelle ou les jus miracles, la question brûle : peut-on légalement se proclamer maître d’une secte sans finir menotté ?
Réponse : oui, mais gare aux pièges – le système français a des dents bien aiguisées.
Liberté de croyance, mais pas n’importe comment
La France, championne de la laïcité depuis 1905, protège farouchement la liberté de conscience et d’association.
Théoriquement, rien ne vous empêche de monter votre mouvement spirituel, de prêcher sur YouTube ou d’attirer des adeptes avec des discours ésotériques.
Pas de loi qui interdise d’être gourou, pas de définition légale claire d’une « secte ». Mais attention, le flou juridique cache des barbelés : dès que vous franchissez la ligne rouge de l’emprise, de l’abus ou de la manipulation, c’est la chute.
En 2024, le Parlement a créé un délit de « provocation à l’abandon ou à l’abstention de soins », visé par les gourous vantant des remèdes miracles contre le cancer, avec jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende si ça tourne mal.
La Miviludes, cette mission anti-sectes, surveille : en 2021, elle recensait 4 020 signalements, un boom de 33 % en un an.
Les dérives qui plombent
Le truc, c’est que les gourous finissent souvent dans le viseur pour des trucs bien concrets : abus de faiblesse, sujétion psychologique, escroquerie, viols, voire traite humaine.
Prenez Gregorian Bivolaru, arrêté en 2023 pour avoir dirigé une secte de yoga tantrique accusée d’exploiter des femmes via des pratiques sexuelles imposées.
Ou encore Élysée Ade, jugé en 2022 pour agression sexuelle et abus sur ses adeptes via un mélange de kung-fu et de conspirationnisme.
En 2023, un projet de loi a introduit un délit de « sujétion psychologique », puni de trois ans de prison et 375 000 euros d’amende, pour mieux coller à l’emprise sectaire. Bref, si vous voulez être gourou, restez soft, ou vous risquez le cachot.
Une société en quête d’espoir, mais méfiante
Avec 500 000 adeptes estimés en France, les sectes prospèrent sur le mal-être : chômage, crises, solitude.
Mais les Français, vaccinés par des scandales comme l’Ordre du Temple solaire (1995, 70 morts) ou les raids contre des gourous yogis, n’y croient plus.
Les réseaux sociaux amplifient l’emprise, mais aussi les dénonciations.
En 2025, devenir légalement gourou, c’est marcher sur un fil : libre, mais sous surveillance.
Alors, rêveurs de pouvoir divin, choisissez bien vos mots – ou préparez vos avocats.