Peine de mort : Peut-on à ce jour la rétablir en France ?

Peine de mort
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Peine de mort : la France pourrait-elle replonger dans l’horreur légale ?

Un spectre qui rôde, mais des verrous de fer

C’est en écrivant ce matin le billet sur Brad Sigmon que je me suis interrogé sur cette question qui doit forcément, vu le climat d’insécurité qui règne en France ces dernières années, trotter dans la tête de nombreux Gaulois : Peut-on en France et à ce jour rétablir la peine de mort ?

Imaginez : la France, ex-pays de la guillotine, remettant en route ses machines à tuer.
Possible ? Envisageable ?
À l’aube de 2025, l’idée fait frissonner ou saliver, selon les bords.
Depuis l’abolition en 1981, portée par le souffle de Robert Badinter, on croyait le débat enterré.

Mais non. Les sondages – ces baromètres fiables comme un parapluie troué – montrent que 48 % des Français, en 2024, y seraient favorables.
Un chiffre qui grimpe chez les électeurs d’extrême droite, mais qui titille aussi chez certains à gauche, échaudés par l’insécurité et les faits divers sanglants.

Alors, rêve ou cauchemar, peut-on vraiment y revenir ?

Les cadenas juridiques : un retour quasi impossible

Désolé pour les amateurs de vengeance légale, mais la France s’est ficelée elle-même.
L’abolition est gravée dans l’article 66-1 de la Constitution depuis 2007 :

Nul ne peut être condamné à la peine de mort.

Pour détricoter ça, il faudrait un vote à 3/5e du Parlement réuni en Congrès – une majorité qu’on n’a pas vue depuis des lustres.
Ensuite, il faudrait dire adieu à la Convention européenne des droits de l’homme, au Pacte international des droits civils et politiques, et à la Charte des droits fondamentaux de l’UE. Bref, quitter l’Europe, claquer la porte des traités internationaux, et se retrouver seul face à la Cour européenne des droits de l’homme, qui nous mettrait une raclée juridique.

Sans parler des sanctions économiques, diplomatiques, et de l’image d’un pays redevenant un anachronisme sanguinaire.
En 2004, une tentative UMP pour rétablir la peine de mort sous prétexte d’« état de guerre » contre les terroristes a capoté lamentablement.
Les verrous tiennent, et ils sont solides.

Et si on osait ? Le chaos garanti

Si, par un miracle tordu, la France brisait ces chaînes, ce serait l’apocalypse légale.
On rouvrirait les prisons pour des exécutions – guillotine, peloton, injection ? – sous le regard horrifié du monde.
Les erreurs judiciaires, déjà nombreuses, deviendraient irréversibles : un innocent exécuté, et c’est la honte éternelle.

Les droits humains, pilier de notre identité, s’effondreraient.
Les opposants – associations, intellectuels, citoyens – descendraient dans la rue, et l’isolement international suivrait.
Économiquement, adieu les partenariats avec les 142 pays abolitionnistes.
Socialement, une fracture béante : 48 % pour, 52 % contre, selon les stats.

Une société coupée en deux, prête à imploser.

Une nostalgie dangereuse, mais un mirage

Alors, oui, l’idée titille certains, surtout avec les peurs sécuritaires et les discours populistes.
Mais c’est un mirage, un fantasme de vengeance qui cache mal son inefficacité : la peine de mort n’a jamais prouvé qu’elle réduisait la criminalité.

Les États-Unis, champions des exécutions, le montrent : ça n’empêche ni les tueries ni les scandales judiciaires.
En France, on a tourné la page en 1981, et les générations d’aujourd’hui – nées sans guillotine – y sont majoritairement hostiles.

Ce débat, c’est un feu de paille, un écho des peurs, pas un avenir. La France risque juste de se ridiculiser si elle y touche.

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