Nicolas Dupont-Aignan : le réveil souverainiste en marche ?

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Un retour attendu, une ambition intacte

Depuis quelques semaines, je sentais poindre l’ombre d’une annonce.
Les interventions répétées de Nicolas Dupont-Aignan sur les rares plateaux qui lui tendent encore le micro – CNEWS, TPMP chez Hanouna – laissaient deviner une âme en quête de tribune. Entre son indignation face à la menace de fermeture de C8 et ses prises de position tranchées sur la politique nationale, le président de Debout la France semblait préparer le terrain.

Lors de son passage sur Touche Pas à Mon Poste, il confiait, avec une pointe d’amertume, être persona non grata sur la plupart des antennes, hormis celles du groupe Canal+.
Un destin singulier pour cet ancien député-maire de Yerres, qui, depuis ses premières joutes électorales en 2012, incarne une constance souverainiste à la lisière des grandes formations.

Aujourd’hui, à 63 ans, il officialise sa quatrième candidature à la présidentielle de 2027.

Mais ses idées, si elles vibrent d’une certaine noblesse, tiennent-elles la route face à la réalité ?

Remplacer l’Union européenne : un rêve ou une chimère ?

Dupont-Aignan propose de démanteler l’UE pour une « structure plus légère ».
L’idée séduit par son audace : restaurer la souveraineté des nations dans un monde globalisé.

Une autonomie décisionnelle d’une nation, libre de toute tutelle supranationale (comme l’UE), pour contrôler ses lois, ses frontières et son destin sonne à mes oreilles comme une recette miracle, un sérum au poison que l’on ingurgite chaque jour.
Sur le papier ça sonne bien…Mais la faisabilité interroge.
Sortir de l’UE implique des négociations titanesques, un choc économique potentiel et une rupture avec des partenaires historiques.

Si le Brexit a montré qu’un départ est possible, il a aussi révélé les fractures internes et les coûts imprévus.
Le philosophe en lui rêve d’un retour à l’essence gaullienne, mais le pragmatique sait-il que les Français, lassés des secousses, pourraient hésiter à sauter dans cet inconnu ?

Simplifier l’appareil administratif : une utopie raisonnable ?

Supprimer le CESE, les régions, les intercommunalités et réduire le nombre de parlementaires : voilà une promesse qui caresse le désir d’un État allégé.

Le CESE ? C’est le Conseil Économique, Social et Environnemental en France. C’est une institution consultative de la République française, créée en 1925 (sous le nom de Conseil national économique) et inscrite dans la Constitution depuis 1958. Elle est composée de représentants de la société civile : syndicats, organisations patronales, associations, etc.
Son rôle est de conseiller le gouvernement et le Parlement sur des questions économiques, sociales et environnementales en produisant des avis et des rapports.

Sur le papier, cette suppression répond à une exaspération face à la bureaucratie.
Pourtant, les régions, par exemple, gèrent des compétences clés (transports, lycées).
Les abolir sans alternative claire risque de désorganiser des services essentiels.
Réduire les parlementaires, déjà tenté sous Macron, soulève aussi la question de la représentativité.

Dupont-Aignan voit grand, mais son tableau manque de détails pour convaincre les esprits pratiques.

Le souverainisme face au RN : convergence ou dissonance ?

Comparé au Rassemblement National, Dupont-Aignan partage une fibre souverainiste, mais diverge dans le ton et la méthode.
Le RN mise sur l’immigration et l’insécurité comme étendards, quand lui privilégie une critique institutionnelle et une vision plus technocratique.
Son appel à l’unité des souverainistes sonne noble, mais sa brouille passée avec Marine Le Pen (alliance éphémère en 2017) trahit une incompatibilité de caractères.

Là où le RN joue sur l’émotion brute, Dupont-Aignan intellectualise.
Cela pourrait lui valoir un public différent, mais pas forcément plus large.

Une ascension possible dans le chaos ambiant ?

Face aux mastodontes – RN, macronistes déclinants, gauche fragmentée –, Dupont-Aignan a-t-il une carte à jouer ?
Son avance dans l’annonce, son discours radical sur les institutions et son aura d’outsider tenace pourraient séduire une frange désabusée.

Mais ses scores passés (1,8 % en 2012, 4,7 % en 2017) rappellent une limite : il galvanise sans fédérer.
Dans un climat de tensions internationales et de défiance nationale, son réveil des Français pourrait trouver écho.
Pourtant, sans alliance ou renouveau, il risque de rester une voix dans le désert, noble mais isolée.

Un passé qui éclaire l’avenir

Fils spirituel du gaullisme, Dupont-Aignan a bâti sa carrière sur une constance rare.
Maire de Yerres pendant 23 ans, il a incarné un souverainisme municipal avant de viser l’Élysée.

Ses échecs répétés ne l’ont pas brisé : ils ont forgé un homme qui croit encore au sursaut.
Mais ce passé, s’il témoigne d’une résilience, souligne aussi une difficulté à transcender son socle.

2027 sera-t-il son heure ?
La réponse dépendra autant de sa capacité à s’adapter que de la lassitude d’un peuple en quête de sens, et à la tournure que prendra d’ici là le plan machiavélique de Macron que je vois personnellement arriver gros comme moi au cours de ces 2 prochaines années  : aucune élection possible en 2027 grâce à l’article 16.

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