Mais qui paye la régie de TPMP maintenant que l’émission file sur internet et que C8 ne diffuse plus ?

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TPMP sur YouTube, Dailymotion et FAI : une renaissance hors TNT, mais à quel prix ?

Comment TPMP survit après la fermeture de C8

Depuis le 1er mars 2025, Touche pas à mon poste (TPMP), l’émission culte de Cyril Hanouna, n’est plus diffusée sur la TNT suite à la décision de l’Arcom de ne pas renouveler la fréquence de C8.

Pourtant, dès le lundi 3 mars, elle reprend en direct sous le nom de Zoubita TV, de 18h40 à 21h15 sur YouTube, Dailymotion et divers canaux de fournisseurs d’accès internet (FAI) comme Free (canal 31), SFR (canal 29), Orange (canal 80), Bouygues (canal 64) ou encore via le groupe Canal+.

Cette transition rapide est un choix de Hanouna pour maintenir son équipe au travail jusqu’à l’été, avant un retour annoncé sur W9 en septembre.
Mais comment cela fonctionne-t-il concrètement, surtout vis-à-vis de la régie publicitaire qui finance ce type de programme ?
La réponse est complexe et soulève des questions sur la viabilité économique.

Qui gère la régie publicitaire ? C8, H2O ou un tiers ?

Historiquement, sur C8, la régie publicitaire était gérée par Canal+ Régie, la branche du groupe Canal+ chargée de commercialiser les espaces publicitaires des chaînes du groupe (C8, CNews, CStar, etc.).
TPMP, produite par H2O Productions (la société de Cyril Hanouna, elle-même liée à Banijay, propriété de Stéphane Courbit), générait une part significative des revenus publicitaires de C8 – estimés à environ 40 à 50 millions d’euros par an sur la TNT, soit un tiers du chiffre d’affaires de la chaîne.

Avec la fermeture de C8, la question est : qui prend le relais ?

Puisque C8 n’existe plus sur la TNT, Canal+ Régie n’a plus de raison directe de gérer la publicité de TPMP dans ce nouveau format.
Deux hypothèses se dessinent : soit H2O Productions a négocié une régie propre avec des plateformes comme YouTube et Dailymotion (via leurs systèmes de monétisation intégrés) et les FAI, soit Canal+ Régie continue temporairement d’assurer cette mission pour honorer des engagements contractuels ou soutenir Hanouna jusqu’à son départ vers M6.
Une troisième possibilité, moins probable, serait que Hanouna finance une partie de l’opération de sa poche pour préserver les emplois, mais cela reste spéculatif – il est avant tout un businessman pragmatique, pas un mécène désintéressé.

En réalité, il est plausible que H2O ait monté une régie ad hoc avec des partenaires numériques, peut-être en collaboration avec Canal+, pour rentabiliser ces quelques mois de transition.

Une « régie ad hoc » n’est pas un terme technique officiel dans le monde de la télévision ou de la publicité, mais une expression qui signifie une organisation ou une structure mise en place spécifiquement pour une situation donnée, de manière temporaire ou improvisée.
En latin, « ad hoc » veut dire « pour ceci » ou « pour cette occasion ».
Appliqué au contexte de la publicité ou de la production audiovisuelle, comme dans le cas de Touche pas à mon poste (TPMP) après la fermeture de C8, cela désigne une solution sur mesure, créée pour répondre à un besoin immédiat, en dehors des cadres habituels.

La fin de C8 justifiée par une survie sur Internet ? Un argument bancal

Certains défenseurs de la fermeture de C8 arguent que la chaîne peut « survivre sur Internet », pointant cette migration de TPMP comme preuve. Mais cet argument ignore une réalité économique : les revenus publicitaires sur les plateformes numériques et les FAI sont bien inférieurs à ceux de la TNT.
Sur une chaîne TNT comme C8, TPMP attirait 1,5 à 2,5 millions de téléspectateurs par soir, générant des recettes publicitaires quotidiennes estimées entre 100 000 et 200 000 euros grâce à des spots premium et une audience captive.
Sur Internet, même avec une audience similaire (ce qui est loin d’être garanti), les revenus chutent drastiquement. Pourquoi ? Les différences structurelles entre ces supports sont criantes.

TNT vs Internet/FAI : une différence de modèle économique

– TNT (Télévision Numérique Terrestre) : Le financement repose sur des annonceurs qui paient cher pour des spots publicitaires diffusés à des heures de grande écoute. La régie (ici Canal+ Régie) négocie des contrats juteux avec des marques, profitant d’une audience large et stable. TPMP, avec ses 12 % de part d’audience et son statut de talk-show leader, était une poule aux œufs d’or – chaque spot de 8 secondes pouvait coûter des dizaines de milliers d’euros en prime time.
Les coûts de production (environ 100 000 euros par jour) étaient largement couverts, voire dépassés, par ces recettes.

-YouTube/Dailymotion : La monétisation dépend du système d’annonces intégré (Google AdSense pour YouTube, par exemple). Les revenus par vue sont dérisoires – souvent entre 1 et 5 euros pour 1 000 vues, selon le taux de CPM (coût par mille impressions).
Même avec 1 million de vues, TPMP ne générerait que 1 000 à 5 000 euros par émission, loin des besoins pour financer une équipe de dizaines de personnes, des chroniqueurs et une production live de 2h30.
Hanouna pourrait compléter avec des partenariats directs ou du sponsoring, mais cela reste aléatoire et moins lucratif que la TNT.

-Canaux FAI : Via les box Internet, la diffusion ressemble davantage à une chaîne classique, mais l’audience est fragmentée (tous les abonnés n’y ont pas accès facilement) et les revenus publicitaires dépendent d’accords spécifiques avec les opérateurs.
Ces derniers pourraient prélever une commission, réduisant encore la manne financière.
Canal+ (via MyCanal ou ses canaux) pourrait injecter des pubs, mais sans la portée de la TNT gratuite, les annonceurs paient moins.

Qui paie la régie et l’équipe de TPMP aujourd’hui ?

Entre 18h40 et 21h30, du lundi au vendredi, produire TPMP reste coûteux : salaires des chroniqueurs, techniciens, plateau, diffusion live… Sans les revenus TNT, qui finance ?
La direction de C8 n’a plus d’intérêt direct, la chaîne étant officiellement fermée. Trois scénarios possibles :
1. H2O Productions prend en charge via une régie propre, en pariant sur des recettes numériques/symboliques et en absorbant les pertes pour maintenir l’équipe.
2. Canal+ soutient financièrement par loyauté ou stratégie (garder Hanouna dans son giron jusqu’à septembre), via Canal+ Régie ou des fonds internes.
3. Hanouna complète de sa poche, mais cela semble improbable vu son profil d’entrepreneur – il a les moyens (sa fortune est estimée à plusieurs dizaines de millions), mais préfère maximiser les profits.
Le plus crédible ? Une combinaison de 1 et 2 : H2O gère une régie light avec YouTube/Dailymotion et les FAI, tandis que Canal+ apporte un soutien logistique ou financier temporaire. Les pertes sont probables, mais Hanouna mise sur l’image : rester visible, fidéliser son public et préparer son arrivée sur W9.

Conclusion : un pari risqué

TPMP peut techniquement survivre hors TNT, mais pas sans sacrifices.
Les revenus publicitaires moindres sur Internet et les FAI ne compensent pas la manne de la TNT, rendant cette période transitoire plus symbolique qu’économiquement viable.

Hanouna joue la carte de la solidarité avec son équipe, mais aussi celle de la résilience médiatique.
Reste à voir si ce modèle tiendra jusqu’à l’été – ou si les « fanzouzes » suffiront à remplir les caisses.

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