Macron s’adresse aux 400 chômeurs de C8 : pour trouver du travail…traversez la rue !

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Une chaîne sacrifiée sur l’autel de l’indépendance

Bon vous l’aurez compris, c’est un titre putaclic et une sorte de clin d’œil à un dérapage du Président qui a fait couler beaucoup d’encre à l’époque.

Mais ce qui m’intéresse un peu plus dans mon billet aujourd’hui, c’est d’essayer de savoir si le président Emmanuel Macron pouvait changer la donne en intervenant pour laisser une chance à la chaîne C8 de ne pas fermer hier soir…

Le rideau tombe sur C8 : un choix vraiment indépendant ?

C8, la chaîne qui a fait trembler les bien-pensants avec ses plateaux déchaînés et ses animateurs sans filtre, a rendu l’antenne le 28 février 2025.
Décision validée par le Conseil d’État, suite au refus de l’ARCOM de renouveler sa fréquence TNT.
Cyril Hanouna, figure totem de la chaîne, a d’abord pointé Macron du doigt avant de faire marche arrière, jurant que le président n’y était pour rien.
Mais alors, Macron avait-il vraiment les mains liées ?
Pouvait-il sauver C8 ? Ou a-t-il choisi de regarder ailleurs pendant que le couperet tombait ?

On plonge dans les arcanes juridiques et les jeux de pouvoir pour démêler ça.

Juridiquement, un président spectateur

En France, l’audiovisuel est une danse délicate entre indépendance et régulation.
L’ARCOM, autorité administrative indépendante, tient les rênes des fréquences TNT.
La loi de 1986 sur la liberté de communication, modifiée à plusieurs reprises, lui donne le pouvoir d’attribuer – ou de retirer – ces précieuses ondes.
Le processus ? Un appel à candidatures, des dossiers épluchés, des critères comme le pluralisme ou le respect des engagements passés.
C8, avec ses amendes à répétition et ses dérapages sanctionnés, n’a pas convaincu.
Le Conseil d’État, gardien du droit, a entériné : pas d’illégalité dans la décision de l’ARCOM.

Macron, dans tout ça ? Rien.
La Constitution le place au-dessus de la mêlée, sans levier direct sur une autorité indépendante.
Intervenir aurait été une entorse à la séparation des pouvoirs, un crime symbolique dans une République qui se drape dans ses institutions.

Politiquement, un silence qui parle

Mais ne soyons pas naïfs.
Macron n’est pas un novice.
Lors du Salon de l’agriculture, le 22 février 2025, il a joué la carte de la neutralité :

Ce n’est pas une décision politique, c’est la loi appliquée par une autorité indépendante.

Belle pirouette.
Pourtant, un président peut peser, indirectement.
Une pression discrète sur l’ARCOM, un signal aux conseillers, une consigne glissée à l’Élysée…
Les rumeurs pointent Alexis Kohler, son secrétaire général, comme artisan d’un dossier anti-C8.
Vrai ou pas, Macron n’a pas bougé. Pourquoi ?

Peut-être parce que C8, avec son ton populiste et ses critiques acerbes, était une épine dans le pied d’un pouvoir cherchant à polir son image. Laisser tomber Hanouna, c’était aussi calmer les élites culturelles qui réclamaient sa tête depuis des lustres.

Le choix de l’inaction : stratégie ou lâcheté ?

Macron aurait pu tenter un coup.
Saisir le Conseil constitutionnel sur un vice de procédure, pousser un amendement législatif pour rouvrir les fréquences…
Mais il ne l’a pas fait. Trop risqué. Une intervention aurait déchaîné une tempête médiatique et politique, ternissant son discours sur l’indépendance des institutions.

Et puis, soyons honnêtes : C8 n’était pas TF1. Pas assez stratégique pour risquer un bras de fer.

Mon avis ? Il n’est pas intervenu parce qu’il n’en avait ni l’envie ni l’intérêt.
La chaîne de Bolloré, avec son public turbulent, ne cadrait pas avec sa vision d’une France apaisée et modernisée.
Laisser l’ARCOM faire le sale boulot, c’était confortable. Un silence qui vaut approbation.

Et maintenant ?

C8 est morte, mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le Conseil d’État a entrouvert une porte : un nouvel appel à candidatures pour quatre fréquences vacantes en juin.
Macron dira qu’il n’y est pour rien, encore.
Pourtant, dans ce théâtre d’ombres, son inaction a pesé lourd.

Juridiquement impuissant ? Peut-être.
Politiquement complice ? Sans doute.

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