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Quand les mammifères du Crétacé ont défié les dinosaures sur terre

Remontons le temps, bien avant que l’astéroïde de Chicxulub ne vienne jouer les trouble-fête il y a 66 millions d’années.
À l’époque où les dinosaures régnaient en maîtres, certains petits mammifères du Crétacé, pas plus gros qu’une musaraigne, osaient déjà poser leurs pattes sur le sol.

Exit la vie perchée dans les arbres, ces bestioles discrètes ont commencé à explorer la terre ferme, et une étude de l’Université de Bristol nous éclaire sur cette révolution silencieuse.
Alors, comment ces ancêtres poilus des marsupiaux et des placentaires ont-ils préparé le terrain pour dominer le monde post-dinosaures ?

Accrochez-vous, on plonge dans un passé où la nature jouait les architectes.

Des os qui racontent une grande histoire

Pour percer ce mystère, les chercheurs, menés par Christine Janis, ont mis le nez dans des fossiles dénichés en Amérique du Nord.
Leur obsession ? Les épiphyses, ces bouts d’os aux articulations qui trahissent le mode de vie d’une créature.

La forme des surfaces articulaires peut montrer si le membre est principalement adapté à la mobilité, comme chez les mammifères arboricoles, ou à la stabilité, comme chez les mammifères terrestres

lâche la scientifique.
Et bingo : certains de ces petits malins, comme Dryolestes, un pionnier du Crétacé, montraient déjà des signes d’une vie au ras du sol.
Publiée dans Palaeontology, cette découverte prouve que l’évolution n’a pas attendu la chute des géants pour se mettre en marche.

Les plantes à fleurs, complices de l’aventure

Mais qu’est-ce qui a poussé ces mammifères du Crétacé à quitter leur perchoir ?
La réponse fleure bon la botanique. Pendant que les conifères dominaient encore les paysages, les angiospermes – ces plantes à fleurs qu’on adore aujourd’hui – ont commencé à prendre leurs aises.

Les angiospermes sont devenus plus courants et ont développé des feuilles beaucoup plus grandes avec une nervation foliaire plus importante, ce qui a entraîné une transpiration accrue et la création d’un microhabitat plus humide

explique Christine Janis.
Résultat : un sous-bois touffu, un vrai tapis rouge pour ces petits explorateurs.
Fini les aiguilles sèches, place à une jungle miniature où se planquer et grignoter des insectes devenait un jeu d’enfant.

Vivre dans l’ombre des titans

Ces mammifères du Crétacé n’étaient pas du genre à fanfaronner.
Petits, poilus, souvent nocturnes, ils ressemblaient à des hérissons sans épines ou à des musaraignes furtives.

Il y avait une grande diversité de formes y compris des animaux pouvant planer et d’autres semi-aquatiques. Chacun possédait un régime alimentaire et un mode de locomotion propre

note la chercheuse.
Leur camouflage ? Une fourrure sombre, parfaite pour se fondre dans la nuit et échapper aux mâchoires des dinosaures.
Une stratégie de survie qui a payé : quand le ciel s’est embrasé et que les géants ont mordu la poussière, ces discrets pionniers étaient déjà prêts à prendre la relève.

Une transition qui change la donne

Cette descente précoce sur terre n’est pas qu’une anecdote.
Elle a peut-être été le coup de pouce décisif pour que les mammifères du Crétacé deviennent les rois du monde après l’extinction.

Habitués au sol, à ses cachettes et à ses ressources, ils ont su s’adapter là où d’autres ont disparu.
Dryolestes et ses cousins n’étaient pas juste des figurants dans l’ombre des dinosaures : ils écrivaient déjà les premières lignes d’une saga qui mène jusqu’à nous.

Alors, la prochaine fois que vous croiserez une musaraigne dans votre jardin, pensez-y : elle porte en elle l’héritage d’un pari osé, pris il y a des millions d’années.