Vie sur Mars : des molécules XXL qui flirtent avec la vie ?
Curiosity, ce petit malin Ă roulettes, a dĂ©terrĂ© un trĂ©sor dans la poussiĂšre rouge de Mars : des molĂ©cules organiques longues comme des spaghettis, planquĂ©es dans un caillou de 3,7 milliards dâannĂ©es.
Ces chaĂźnes, avec leurs 10, 11 ou 12 atomes de carbone, pourraient bien ĂȘtre les restes dâacides gras, ces machins quâon trouve dans toutes les membranes cellulaires sur Terre.
Une piste qui fait saliver les chasseurs de vie extraterrestre, mĂȘme si rien nâest encore dans la poche.
Douze ans aprĂšs avoir forĂ© ce bout de roche au cratĂšre Gale, les cerveaux sâagitent, et ça sent le scoop cosmique.
Un bout de Mars qui raconte des histoires
Flashback Ă 2013 : Curiosity creuse dans le cratĂšre Gale, un ancien lac martien, et ramasse 135 grammes de caillasse argileuse.
Ce bout de passé, stocké dans une capsule du rover, a patienté une décennie avant de livrer ses mystÚres.
Avec SAM, un labo de poche franco-amĂ©ricain â spectromĂštres et chromatographe en action â, les chercheurs ont mis la main sur des molĂ©cules organiques jamais vues lĂ -haut : dĂ©cane, undĂ©cane, dodĂ©cane.
JusquâĂ prĂ©sent, seules des molĂ©cules organiques contenant au maximum six atomes de carbone avaient Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©es par Curiosity
balance Caroline Freissinet, la tĂȘte pensante française derriĂšre lâĂ©tude publiĂ©e dans PNAS le 24 mars 2025.
LĂ , on tape dans le grand format.
Des acides gras dans la ligne de mire
Ces chaĂźnes, ce ne sont pas des figurantes.
En les faisant griller Ă 475°C puis 850°C, SAM a montrĂ© quâelles viennent sans doute dâmolĂ©cules organiques plus costaudes, des acides gras comme lâundĂ©canoĂŻque ou le tridĂ©canoĂŻque, amputĂ©es de leur groupe carboxyle.
Sur Terre, ces lipides sont les fondations des membranes cellulaires, les murs des bactéries.
Nous pensons que lâĂ©chantillon analysĂ© par SAM contenait originellement des acides gras Ă 11, 12 et 13 atomes de carbone
lĂąche Freissinet.
Plus elles sont longues, moins elles ont de chances de naĂźtre dâun simple hasard chimique. Un indice qui fait battre les cĆurs ?
Un petit décalage qui chatouille
Petit twist : lâundĂ©cane (11 carbones) sort du lot avec 41 picomoles, contre 37 et 19 pour ses voisins.
Nous savons que lâune des caractĂ©ristiques des systĂšmes vivants est dâopĂ©rer justement des dĂ©sĂ©quilibres
glisse Freissinet. La vie aime bidouiller les proportions, mais avec des quantitĂ©s aussi microscopiques â des picomoles ! â, difficile de sabrer le champagne.
Trois molĂ©cules, câest une Ă©tincelle, pas une preuve.
Frein Ă main sur lâeuphorie
Pas dâemballement, hein.
DĂšs lors que des mĂ©canismes chimiques peuvent expliquer les observations, câest lâhypothĂšse quâil faut privilĂ©gier
tempĂšre Freissinet.
Les molĂ©cules organiques peuvent jaillir de rĂ©actions abiotiques, genre hydrothermales, mĂȘme si elles restent souvent courtes.
De longues et minutieuses sĂ©ries dâanalyses en laboratoire ont ensuite Ă©tĂ© nĂ©cessaires pour affirmer que les rĂ©sultats que nous avançons sont valides et ne rĂ©sultent pas dâune quelconque contamination
ajoute-t-elle. Une équipe franco-américano-hispano-mexicaine a bossé comme des acharnés pour éviter le flop.
Un souffle dâoptimisme martien
Ces longues chaĂźnes, intactes aprĂšs 3,7 milliards dâannĂ©es, câest une sacrĂ©e claque.
Le fait que ces longues molĂ©cules linĂ©aires, relativement fragiles, aient Ă©tĂ© retrouvĂ©es aprĂšs 3,7 milliards dâannĂ©es passĂ©es sur Mars nous donne effectivement de bons espoirs
jubile Freissinet.
Si la vie a dansĂ© sur Mars Ă lâĂ©poque oĂč elle dĂ©marrait ici, des traces complexes pourraient encore traĂźner dans le coin.
Les rovers ont du boulot pour sniffer dâautres molĂ©cules organiques et, peut-ĂȘtre, dĂ©crocher le gros lot.