Quand l’ARCOM joue les pompiers après avoir allumé l’incendie
Deux jours de silence, une polémique qui enfle
Il aura fallu quarante-huit heures à l’ARCOM pour sortir de sa torpeur et enfin balancer un communiqué, ce dimanche après-midi, histoire de calmer le game.
Deux jours, oui, deux jours entiers après que Jules Torres, plume acérée du Journal du Dimanche, a lâché une bombe sur Europe 1 dans On marche sur la tête.
Le vendredi midi, attablé dans un resto, Torres capte une conversation croustillante entre trois insiders de l’ARCOM.
Et là, ça clashe sévère : « Nous, on nous a demandé de virer Hanouna, on a fait notre boulot », « on est bien content de s’être payé le groupe Bolloré », et le pompon, « nous, on s’en fout de mettre au chômage 400 potes d’Hanouna ».
Le tout saupoudré de ricanements bien gras qui, selon Torres, pèsent plus lourd que les mots eux-mêmes.
Ambiance.
Un communiqué qui désamorce… ou pas
Face au bad buzz, l’ARCOM dégaine donc son extincteur dominical.
Mais soyons clairs : ça sent plus la parade qu’une vraie réponse. Ils ne nient pas que des gens de chez eux étaient dans ce resto, non, ils se contentent de préciser que ce n’étaient pas des « membres du conseil ».
Sauf que Torres n’a jamais dit ça, hein. Subtil glissement sémantique pour noyer le poisson ? Peut-être bien.
Et puis, pourquoi seulement 10 projets retenus sur 19 alors qu’il y avait plus de fréquences à distribuer ?
Mystère et boule de gomme, l’ARCOM reste muette là-dessus.
On nage en plein flou artistique.
Le communiqué de l’Arcom
Les extraits qui en disent long (ou pas)
Le communiqué, disséqué, c’est du grand art de la langue de bois.
Jugez plutôt :
L’Arcom précise qu’aucun des membres du collège, en fonction actuellement ou lors de la décision rendue publique le 12 décembre 2024, ne se trouvait dans le quartier mentionné le 21 février dernier.
OK, mais les petites mains qui bossent pour eux, alors ?
Et ça continue :
En l’état, l’Autorité ne dispose d’aucun élément factuel permettant d’accréditer les propos allégués.
Traduction : circulez, y’a rien à voir, mais on se garde une porte de sortie juridique au cas où.
Quant à la décision de virer C8 et NRJ 12 de la TNT, ils rappellent que le Conseil d’État a validé le truc le 19 février.
Circulaire, propre, clinique. Trop, peut-être ?
Hanouna, Bolloré et les 400 : les vrais perdants ?
Derrière ce cirque, il y a du lourd. Cyril Hanouna, figure totem de C8, voit son empire vaciller.
Le groupe Bolloré, qui porte la chaîne, prend une claque symbolique.
Et les 400 « potes » – techniciens, producteurs, petites mains – risquent de trinquer pour de bon.
Pendant ce temps, l’ARCOM joue les vierges effarouchées, refuse de confirmer ou d’infirmer les ricanements assassins, et laisse planer un parfum de règlement de comptes.
Torres, lui, a mis le feu aux poudres, et on sent que ce n’est que le début du brasier.