Foutez-moi la Paix, Je suis Michel Caracole ! Je ne Suis Pas Xavier Dupont de Ligonnès !
Je m’appelle Michel Caracole, j’ai 62 ans, je suis retraité et je vis tranquillement à Cuers-les-Mines, loin des tumultes des grandes villes.
Enfin, c’était ce que je pensais jusqu’à hier après-midi, quand ma vie a basculé dans un délire digne d’un mauvais film de science-fiction.
Laissez-moi vous raconter comment une bande de jeunes hystériques, armés de smartphones et d’une obsession malsaine pour Xavier Dupont de Ligonnès, a transformé mon paisible pavillon en cirque médiatique.
Tout a commencé alors que j’étais confortablement installé dans mon salon, en train de regarder Rendez-vous en terre inconnue sur France 2, une émission qui me rappelle que le monde peut encore être beau.
Vers 15 heures, la sonnette retentit. Pensant qu’il s’agissait du voisin venant me rendre ma tondeuse, j’ouvre la porte.
Et là , stupeur ! Une dizaine de jeunes, habillés comme des clowns échappés d’un carnaval raté – des mecs en robes, des filles en costumes de super-héros, et même un type déguisé en chaise – se mettent à hurler :
C’est lui ! C’est Xavier !
Au début, je crois à une blague, une sorte de parade d’Halloween tardive.
Mais non, ces énergumènes sortent leurs smartphones et me mitraillent de photos en criant des absurdités comme : « Aqababe va nous adorer ! » ou « On a retrouvé Xavier Dupont de Ligonnès, on est les rois des réseaux ! »
Pour ceux qui, comme moi, ne passent pas leur vie sur Internet, Aqababe, c’est apparemment un influenceur qui s’est mis en tête de traquer Dupont de Ligonnès, l’homme suspecté d’avoir tué sa femme et ses quatre enfants à Nantes en 2011, avant de disparaître dans la nature.
Un fait divers qui fascine la France entière, et dont le nom résonne même dans ma petite ville de Cuers-les-Mines.
Je ne suis pas branché réseaux sociaux, mais je connais cette affaire, comme tout bon Gaulois qui lit Ouest-France ou regarde 13h15 le dimanche.
Et là , je comprends que ces illuminés me prennent pour cet assassin en cavale – ou mort, selon les théories.
Je leur hurle d’arrêter de me photographier, mais c’est comme parler à un essaim de guêpes. Ils sautent dans tous les sens, excités comme des puces sur un chien galeux, en répétant :
On l’a eu, Aqababe, on l’a eu ! Aqababe a niqué la Police !
L’un d’eux, un grand maigre avec un piercing dans le nez, me brandit une photo sur son téléphone. Et là , je manque de m’étrangler.
C’est une reconstitution du visage de Xavier Dupont de Ligonnès, soi-disant vieilli par une intelligence artificielle, publiée sur un blog nommé Le Blog de Fou – oui, vous avez bien lu monsieur Gros Jésus ! Votre Blog !
Et je dois l’admettre, ce portrait me ressemble étrangement : même forme de visage, même calvitie naissante, même regard perçant.
Mais bon sang, je suis Michel Caracole, pas un tueur en fuite !
Paniqué, je claque la porte et me barricade chez moi.
Mais ces fous furieux ne lâchent pas l’affaire. Ils tournent autour de mon pavillon, collent leurs nez contre mes vitres, essayent de prendre des photos à travers les rideaux.
Je ferme les volets en leur balançant des insultes bien senties – « Foutez-moi la paix, chipies de merde ! » – mais plus je râle, plus ils s’excitent.
Certains crient : « Il se cache, c’est sûr que c’est lui ! » D’autres appellent des renforts, et en dix minutes, une véritable meute envahit ma rue.
N’y tenant plus, j’appelle le 17.
La gendarmerie arrive très vite, au bout de deux heures. Quand j’ouvre la porte à la maréchaussée, je m’attends à ce qu’ils me demandent calmement ce qui se passe. Mais non !
L’un d’eux, un jeunot avec un sourire idiot, me tend un carnet et un stylo en disant :
Monsieur Dupont de Ligonnès, un autographe, s’il vous plaît ?
J’ai cru que j’allais exploser. Je leur claque la porte au nez en hurlant : « Revenez avec un mandat si vous voulez entrer ! »
Finalement, vers 20 heures, la horde s’est dispersée.
Apparemment, un nouveau buzz a capté leur attention : on raconte que Jean-Luc Mélenchon aurait pleuré pour la première fois de sa vie lors d’une manif’. Franchement, je m’en fiche. Ce que je veux, c’est qu’on me laisse tranquille.
Alors, écoutez-moi bien, vous tous, chasseurs de scoops et fans d’Aqababe : je ne suis pas Xavier Dupont de Ligonnès !
La prochaine fois que vous venez m’emmerder, je sors mon fusil de chasse, je vous tire dessus, je vous enterre dans mon jardin, et je coule une dalle de béton par-dessus…
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