C8 : censure ou simple jeu administratif ? Une France divisée face à l’ombre de la peur
Une nation coupée en deux, encore et toujours
Bon je sais je sais ! J’en fais peut-être des caisses pour ces deux titres ci-dessus, mais c’est pour imager. On est pas dans un clivage national non plus, mais c’est un sujet qui touche beaucoup de français, surtout les pro-Hanouna et les anti-Bolloré…
Il y a dans l’âme française une étrange habitude : celle de se scinder en deux camps irréconciliables dès qu’un sujet brûlant s’invite sur la table.
Souvenez-vous du Covid, cette époque où provax et antivax s’écharpaient comme si leur vérité respective portait le salut de l’humanité.
Plus près de nous, les pros-guerre et les pro-paix, ou encore les pro-Russes face aux pro-Ukrainiens, ont repris le flambeau de cette guerre des convictions.
À chaque fois, un fil rouge se dessine, subtil mais tenace : un climat de peur, savamment entretenu par ceux qui tiennent les rênes du pouvoir.
Aujourd’hui, je souhaite m’attarder sur une bataille plus légère en apparence, mais tout aussi révélatrice des tensions qui traversent notre société : la disparition de C8 de la TNT.
Certains parlent d’une simple « non-reconduction », un terme administratif aussi neutre qu’une notice de montage ; d’autres crient à la censure, un mot lourd, chargé d’histoire et de combats pour la liberté. Mais au-delà des mots, il y a une réalité humaine qu’on ne peut balayer d’un revers de main : 400 personnes jetées dans les limbes du chômage, victimes collatérales d’une décision qui, selon le camp, punit un homme – Cyril Hanouna – ou sacrifie un espace d’expression.
Il m’arrive d’en parler en messages privés avec certaines personnes qui ne considèrent pas la disparition de C8 comme une censure, mais simplement comme un non respect de règles, un simple non-reconduite légitime sur la TNT…
Le prisme de la perception : une guerre sémantique
Tout, dans cette affaire, dépend de l’angle sous lequel on choisit de la regarder.
Dire que C8 n’a pas été censurée, mais simplement « non reconduite », revient à poser une règle technique comme un rempart contre toute critique.
À l’inverse, affirmer qu’elle a été victime d’une censure revient à pointer du doigt une volonté de museler, un pouvoir qui s’exerce sous couvert de légitimité obscure.
Les arguments des uns s’appuient sur les multiples mises en garde de l’Arcom, ce gendarme des ondes qui veille au grain, et sur les amendes infligées à la chaîne pour ses dérapages.
Mais voilà où le bât blesse : si les sanctions financières ont été payées, pourquoi ajouter une punition ultime, celle de l’éviction ?
Dire « elle n’est pas censurée, elle n’est juste pas reconduite » sonne comme un jeu de mots vide de sens, une pirouette sémantique qui esquive la question de fond (et vous savez que le travail de recherche sur le fond des choses est justement la force et la marque de fabrique de mes analyses et billets sur le blog).
Au final, le résultat est le même : C8 n’émet plus sur la TNT, ce vecteur essentiel qui touche encore les foyers modestes, les villages isolés sans connexion internet, les maisons de retraite aux antennes râteaux.
L’audience s’effrite, les voix s’éteignent, et l’impact se fait sentir bien au-delà des plateaux de TPMP.
Une cabale contre un homme ou une sanction légitime ?
Pour ma part – et vous l’aurez peut-être deviné –, cette décision de l’Arcom me semble une injustice criante.
Oui, je le dis sans détour : C8 a été censurée.
Oublions un instant NRJ12, dont le sort peut prêter à débat mais dont les critères d’éviction semblent plus cohérents avec les règles de l’Arcom.
Concentrons-nous sur C8, cette chaîne qui dominait les soirées de la TNT avec Touche pas à mon poste, un ovni télévisuel porté par l’énergie débordante de Cyril Hanouna.
Une chaîne qui, avec Les Animaux de la 8, avait su capter les amoureux des bêtes délaissés par les grandes antennes et l’arrêt de 30 Millions d’Amis sur TF1.
L’Arcom justifie son choix par un manque de pluralisme, des dérapages répétés et un non-respect des obligations déontologiques.
Admettons. Mais ces fautes ont été sanctionnées par des amendes salées – jusqu’à 3,5 millions d’euros dans l’affaire Louis Boyard, contre 4 000 euros prononcés par la justice française pour le même cas.
Cette disparité vertigineuse ne vous interpelle-t-elle pas ?
Si l’amende est une punition, pourquoi la doubler d’une exécution publique ?
Une métaphore footballistique pour éclairer l’absurde
Imaginons Hanouna en joueur de foot, C8 en club. Lors d’un match, il commet une faute – disons, un tacle maladroit sur Boyard.
L’arbitre (l’Arcom) sort le carton rouge : une expulsion temporaire, une amende pour Hanouna qui retourne au vestiaire (je l’imagine bien tapant du poing sur les murs en criant « bande d’armals ces arbitres à la con !)« .
Jusque-là, le jeu suit son cours. Mais au lieu de laisser le joueur revenir au match suivant, l’arbitre décide de fermer le stade, de dissoudre l’équipe, d’anéantir le club tout entier.
Est-ce juste ? Non, c’est une double peine, un acharnement qui dépasse la logique.
J’ai moi-même, dans ma vie, payé une amende pour une erreur commise. Une fois la dette réglée, l’histoire s’est arrêtée là. Imaginez ma stupeur si, des mois plus tard, on m’avait emprisonné pour cette même faute déjà expiée.
Pour C8, c’est exactement ce qui s’est passé : une sanction payée, puis une guillotine.
Ce contexte est donc pour moi une censure et une cabale affichée mais non assumée contre Hanouna qui se conclue par une injustice pour la chaîne C8.
Un appel au dialogue
Alors, censure ou non-reconduction ?
À vous de trancher. Mais si vous penchez pour la seconde option, je vous invite à poser vos arguments sur la table, ici ou sur X.
Car au-delà des mots, c’est une question de principe : peut-on sacrifier une liberté d’expression, un espace de vie pour 400 employés, sous prétexte d’une régulation mal expliquée ?
Pour moi, la réponse est non.
C8 n’a pas simplement perdu une fréquence ; elle a été injustement effacée et si je place ce billet dans la rubrique « Politique« , ce n’est pas non plus pour rien…😘