đ§ Une exploration au-delĂ du mythe des 10 % d’utilisation de notre cerveau
Dans les mĂ©andres de la culture populaire, des Ă©crans de cinĂ©ma aux pages jaunies des romans dâanticipation, une idĂ©e persiste comme une ombre tenace : lâĂȘtre humain ne solliciterait quâune fraction infime de son potentiel cĂ©rĂ©bral, Ă peine 10 %.
De Lucy, oĂč Scarlett Johansson transcende les limites humaines, aux rĂ©cits murmurĂ©s autour dâEinstein ou de William James, ce concept a pris racine dans notre imaginaire collectif.
Mais cette croyance, aussi sĂ©duisante soit-elle, rĂ©siste-t-elle Ă lâĂ©preuve des faits ?
Plongeons dans cette Ă©nigme avec une curiositĂ© philosophique, loin des Ă©clats simplistes, pour dĂ©mĂȘler le vrai du fantasme.
Un cerveau en perpétuelle danse
Loin de se reposer sur une parcelle de ses capacités, notre cerveau est une symphonie ininterrompue.
Les neurosciences, grĂące aux merveilles de lâimagerie cĂ©rĂ©brale, nous rĂ©vĂšlent une vĂ©ritĂ© Ă©lĂ©gante : cet organe, insatiable, mobilise lâensemble de ses territoires.
Quâil sâagisse de rĂ©flĂ©chir Ă une idĂ©e abstraite, de marcher dans une rue animĂ©e ou de sombrer dans les bras de MorphĂ©e, il ne connaĂźt pas de rĂ©pit.
Consommant 20 % de lâĂ©nergie totale dâun adulte, il est le maĂźtre gourmand de notre corps, un architecte infatigable qui ne laisse aucune zone dans lâombre.
Pourtant, une nuance sâinvite dans cette chorĂ©graphie : toutes les rĂ©gions ne sâactivent pas simultanĂ©ment.
« Mais jamais toutes en mĂȘme temps », nous rappelle avec justesse le MusĂ©e national dâhistoire naturelle.
Lorsque nous lisons un livre ou courons sous la pluie, certaines aires sâilluminent tandis que dâautres patientent, prĂȘtes Ă entrer en scĂšne.
Cette intermittence, subtile et harmonieuse, pourrait expliquer pourquoi le mythe des 10 % perdure, comme une illusion dâoptique dans lâesprit humain.
Les racines dâun malentendu
DâoĂč vient cette fable ? Certains pointent du doigt les cellules gliales, ces soutiens discrets qui composent 90 % de notre masse cĂ©rĂ©brale, longtemps jugĂ©es passives face aux neurones, ces Ă©toiles de 10 % qui captent la lumiĂšre.
Mais la science, dans un élan récent, a réhabilité ces oubliées.
Une étude parue en 2021 dans Médecine/sciences les consacre comme des piliers essentiels, nourriciÚres et protectrices des neurones.
Ainsi, loin dâĂȘtre un rĂ©servoir inexploitĂ©, notre cerveau rĂ©vĂšle une interdĂ©pendance raffinĂ©e, oĂč chaque Ă©lĂ©ment joue sa partition.
Adieu aux rĂȘves de super-pouvoirs
Ce « neuromythe », comme lâappellent les savants, a quelque chose de poĂ©tique.
Il nous murmure que des capacitĂ©s infinies sommeillent en nous, prĂȘtes Ă faire de nous des hĂ©ros de fiction.
Mais peut-ĂȘtre est-ce dans son activitĂ© pleine et entiĂšre que rĂ©side la vĂ©ritable grandeur de notre cerveau.
PlutĂŽt que de chercher Ă dĂ©verrouiller une porte imaginaire, ne devrions-nous pas cĂ©lĂ©brer cette machine complexe qui, sans relĂąche, tisse nos pensĂ©es, nos rĂȘves et notre humanitĂ© ?