Les crimes d’Émile Louis le boucher de l’Yonne : une affaire sans fin
Explorons aujourd’hui l’une des affaires criminelles les plus glaçantes françaises : les crimes d’Émile Louis, surnommé le « boucher de l’Yonne ».
Condamné pour sept meurtres, ce tueur en série pourrait avoir fait d’autres victimes, comme le suggère une découverte récente.
Voici un retour détaillé sur ce dossier marqué par la cruauté et les failles judiciaires.
Un prédateur aux multiples visages
Émile Louis, né en 1934, a grandi dans un environnement difficile, abandonné à la DDASS et placé dans une famille d’accueil.
Adolescent, il séjourne dans un centre pour délinquants en Saône-et-Loire, où il aurait subi des abus.
Après un passage dans la Légion étrangère et la guerre d’Indochine, il s’installe à Auxerre, se marie, devient père de quatre enfants et travaille comme chauffeur de bus pour Les Rapides de Bourgogne à partir de 1970.
Ce métier lui donne accès à des jeunes femmes vulnérables, souvent handicapées mentales, qu’il cible méthodiquement.
Dès les années 1980, son passé criminel refait surface : il est condamné en 1983 et 1989 pour agressions sexuelles sur mineures, y compris sa propre fille, violée dès l’âge de cinq ans.
Les disparues de l’Yonne
Entre 1975 et 1979, sept jeunes femmes – Bernadette Lemoine, Françoise Paravuz, Christine Marlot, Jacqueline Weis, Chantal Gras, Madeleine Dejust et Isabelle Laville – disparaissent dans l’Yonne.
Toutes ont un point commun : elles sont issues de la DDASS, présentent des déficiences légères et fréquentent des foyers ou des établissements desservis par le bus de Louis.
Pendant des années, leurs disparitions sont négligées, souvent attribuées à des fugues. En 1996, l’émission Perdu de vue de Jacques Pradel relance l’enquête en recueillant des témoignages.
En 2000, Louis, arrêté, avoue les meurtres, croyant ses crimes prescrits. Il guide les enquêteurs vers un bois à Rouvray, où deux corps sont exhumés.
Malgré sa rétractation, il est condamné en 2004 à la réclusion à perpétuité pour ces sept assassinats.
Une huitième victime potentielle
En 2018, un crâne est découvert près du « cimetière » de Louis à Rouvray. Identifié en 2024 comme celui de Marie-Jeanne Ambroisine Coussin, disparue en 1975 à 40 ans, cet ossement relance les spéculations.
Coussin, mère de dix enfants et ancienne pensionnaire de la DDASS, vivait dans une maison de repos à Monéteau, accessible par le bus de Louis.
Sa disparition correspond alors au mode opératoire du tueur. En septembre 2024, des fouilles mobilisant 140 gendarmes retrouvent des vêtements des années 1970, mais aucun autre ossemen. Le parquet d’Auxerre envisage de nouvelles investigations pour localiser le reste du corps.
Failles judiciaires et quête de vérité
L’affaire Émile Louis révèle des dysfonctionnements majeurs.
Dans les années 1970, les disparitions de femmes vulnérables sont minimisées, et les soupçons contre Louis, pourtant signalé dès 1980, ignorés.
En 2002, la ministre de la Justice, Marylise Lebranchu, admet des « erreurs judiciaires ».
Aujourd’hui, les familles, soutenues par des avocats comme Didier Seban, demandent justice. La découverte d’une photo de Coussin à 21 ans, publiée par La Montagne, ravive l’espoir de réponses, notamment pour son fils, Jacques Ponce.
Un mystère persistant
Louis, mort en 2013, a-t-il emporté d’autres secrets ?
D’autres noms, comme Lucette Évain ou Sylviane Lesage, sont parfois associés à ses crimes, sans preuves formelles.
Cette affaire, par sa brutalité et les négligences qu’elle expose, continue de marquer les esprits, incarnant la lutte pour la vérité face à l’oubli.
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Crédits Photo : Eric Gaillard Reuter