DJ Madcow : la fois oĂč je me faisais payer en vodka et finissais par lancer des scuds sur la tronche des clients sur la piste de danse

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Temps de lecture : 3 minutes

DJ Madcow : Quand la vodka et les scuds réinventaient la Nuit

Entre 1993 et 1995, une odyssée musicale et chaotique

Les premiers battements d’une Ă©poque Ă©lectrisante

Nous sommes entre 1993 et 1995, une Ăšre oĂč les Ăąmes dansaient encore Ă  l’ombre des francs, loin des euros et des streams numĂ©riques.
De l’autre cĂŽtĂ© de ma rue, un bar de plage ouvrait timidement ses portes, un lieu humble aux parfums de sel et de vent marin.
Rapidement, ce modeste refuge se transforma en discothĂšque, un temple improvisĂ© oĂč les nĂ©ons clignotaient comme des Ă©toiles filantes.

À cette Ă©poque, j’étais DJ Madcow, un nom qui rĂ©sonnait comme une dĂ©claration d’intention.
Mes dĂ©buts s’étaient forgĂ©s sur une pĂ©niche devenue club Ă©changiste, un lieu aussi fascinant qu’éphĂ©mĂšre, sombrant mystĂ©rieusement avec ses propriĂ©taires dans des eaux troubles – une mĂ©taphore, peut-ĂȘtre, de mes propres errances artistiques.
Chaque semaine, un titre de dance music naissait, capable de faire trembler les hanches d’une bourgeoise sirotant son thĂ© dans son salon bourgeois, et moi, j’étais lĂ , ravi de propager cette vague sonore. Dance Musicccccc !!!

Un métier en éveil, entre passion et précarité

À l’époque, le DJ n’avait pas encore la stature qu’il acquerrait cinq ou six ans plus tard, lorsque David Guetta et ses pairs Ă©levĂšrent le statut du « disquaire » Ă  celui de star adulĂ©e.
J’étais, une fois de plus, un pionnier maladroit, Ă  la fois trop tard pour les pionniers et trop en avance pour les lĂ©gendes.

Les contrats en CDI Ă©taient un rĂȘve lointain ; on parlait plutĂŽt d’interventions Ă  la pige, d’heures volĂ©es dans des clubs neufs, parfois fragiles.
Je me souviens d’une nuit de la Saint-Sylvestre oĂč le toit, ployant sous une pluie torrentielle, menaça de s’effondrer, arrosant crevettes cocktail et buffet dans une symphonie aquatique.
Dans ces lieux naissants, point de milliers de francs à espérer, comme pour une star internationale.
La passion guidait mes doigts sur les platines, mais ne remplissait pas mes poches.

N’est-ce pas lĂ  une quĂȘte universelle : que tout labeur mĂ©rite sa rĂ©compense ?

La Vodka comme muse et les Scuds comme révolte

Quand le patron – coucou, Olivier 😁– ne pouvait m’offrir qu’un sourire en guise de salaire, j’imposais une rùgle tacite : l’open bar.
Gourmand de vodka, je puisais dans cette liqueur avec une main parfois trop généreuse entre deux enchaßnements.
Le club, encore jeune, voyait sa clientĂšle croĂźtre doucement.
Je passais des heures Ă  peaufiner mes transitions, pour voir, trop souvent, des Ăąmes nonchalantes s’installer sur les banquettes, attendant que « Free from Desire » de Gala vienne les rĂ©veiller. L’ambiance s’échauffait, les corps s’animaient, mais la vodka dansait aussi dans mon esprit.
Alors, je mĂȘlais Docteur Alban, Ice MC, AC/DC et Offspring dans un Ă©clectisme audacieux.
Plus les gens s’interrogeaient, plus je riais, portĂ© par l’ivresse et l’amour de ce chaos musical.

Mais Ă  la fin des soirĂ©es, ma patience s’épuisait.
Je lançais des CD comme des frisbees sur ceux qui restaient immobiles, leur criant de préférer la danse à leur apathie.

Je leur gueulais parfois dessus des trucs improbables du style…
Vous feriez mieux d’aller vous faire cuire le cul ailleurs plutĂŽt que de rester Ă  tirer la tronche sur les banquettes…

C’est une sorte d’ambiance qui sort de l’ordinaire quoi…😁
MadCow, mon nom de scÚne, portait bien son héritage.

Une leçon de vie sur les rythmes de l’existence

Ces éclats de folie ont marqué la fin de mon rÚgne de trois ans.
Aujourd’hui, en 2025, je contemple ces annĂ©es comme un miroir de l’ñme : un mĂ©lange d’ardeur crĂ©atrice et d’excĂšs, oĂč la musique et la vodka tissaient une tapisserie aussi belle que chaotique.

Mon nom de scĂšne commençait un peu Ă  s’apparenter Ă  celui d’un psychopathe capable de lancer du nirvana en pleine soirĂ©e et de vous fendre le crĂąne en deux avec un cd lancĂ© comme un freesbee sur la piste de dance, en visant les gens qui ne mettaient pas assez d’entrain Ă  danser…Oui j’ai Ă©tĂ© DJ…mais seulement 3 ans…

DJ Amigo succéda à MadCow, mais les échos de ces nuits résonnent encore, comme un rappel que la vie est une danse entre discipline et délire.

Mon nom, associĂ© Ă  des lancers de CD et des sets imprĂ©visibles, m’a valu un exil vers le Club Med en tant que GO – une autre aventure, un autre rythme…mais ça…c’est une autre histoire…


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