DJ Madcow : Quand la vodka et les scuds réinventaient la Nuit
Entre 1993 et 1995, une odyssée musicale et chaotique
Les premiers battements d’une époque électrisante
Nous sommes entre 1993 et 1995, une ère où les âmes dansaient encore à l’ombre des francs, loin des euros et des streams numériques.
De l’autre côté de ma rue, un bar de plage ouvrait timidement ses portes, un lieu humble aux parfums de sel et de vent marin.
Rapidement, ce modeste refuge se transforma en discothèque, un temple improvisé où les néons clignotaient comme des étoiles filantes.
À cette époque, j’étais DJ Madcow, un nom qui résonnait comme une déclaration d’intention.
Mes débuts s’étaient forgés sur une péniche devenue club échangiste, un lieu aussi fascinant qu’éphémère, sombrant mystérieusement avec ses propriétaires dans des eaux troubles – une métaphore, peut-être, de mes propres errances artistiques.
Chaque semaine, un titre de dance music naissait, capable de faire trembler les hanches d’une bourgeoise sirotant son thé dans son salon bourgeois, et moi, j’étais là, ravi de propager cette vague sonore. Dance Musicccccc !!!
Un métier en éveil, entre passion et précarité
À l’époque, le DJ n’avait pas encore la stature qu’il acquerrait cinq ou six ans plus tard, lorsque David Guetta et ses pairs élevèrent le statut du « disquaire » à celui de star adulée.
J’étais, une fois de plus, un pionnier maladroit, à la fois trop tard pour les pionniers et trop en avance pour les légendes.
Les contrats en CDI étaient un rêve lointain ; on parlait plutôt d’interventions à la pige, d’heures volées dans des clubs neufs, parfois fragiles.
Je me souviens d’une nuit de la Saint-Sylvestre où le toit, ployant sous une pluie torrentielle, menaça de s’effondrer, arrosant crevettes cocktail et buffet dans une symphonie aquatique.
Dans ces lieux naissants, point de milliers de francs à espérer, comme pour une star internationale.
La passion guidait mes doigts sur les platines, mais ne remplissait pas mes poches.
N’est-ce pas là une quête universelle : que tout labeur mérite sa récompense ?
La Vodka comme muse et les Scuds comme révolte
Quand le patron – coucou, Olivier 😁– ne pouvait m’offrir qu’un sourire en guise de salaire, j’imposais une règle tacite : l’open bar.
Gourmand de vodka, je puisais dans cette liqueur avec une main parfois trop généreuse entre deux enchaînements.
Le club, encore jeune, voyait sa clientèle croître doucement.
Je passais des heures à peaufiner mes transitions, pour voir, trop souvent, des âmes nonchalantes s’installer sur les banquettes, attendant que « Free from Desire » de Gala vienne les réveiller. L’ambiance s’échauffait, les corps s’animaient, mais la vodka dansait aussi dans mon esprit.
Alors, je mêlais Docteur Alban, Ice MC, AC/DC et Offspring dans un éclectisme audacieux.
Plus les gens s’interrogeaient, plus je riais, porté par l’ivresse et l’amour de ce chaos musical.
Mais à la fin des soirées, ma patience s’épuisait.
Je lançais des CD comme des frisbees sur ceux qui restaient immobiles, leur criant de préférer la danse à leur apathie.
Vous feriez mieux d’aller vous faire cuire le cul ailleurs plutôt que de rester à tirer la tronche sur les banquettes…
C’est une sorte d’ambiance qui sort de l’ordinaire quoi…😁
MadCow, mon nom de scène, portait bien son héritage.
Une leçon de vie sur les rythmes de l’existence
Ces éclats de folie ont marqué la fin de mon règne de trois ans.
Aujourd’hui, en 2025, je contemple ces années comme un miroir de l’âme : un mélange d’ardeur créatrice et d’excès, où la musique et la vodka tissaient une tapisserie aussi belle que chaotique.
Mon nom de scène commençait un peu à s’apparenter à celui d’un psychopathe capable de lancer du nirvana en pleine soirée et de vous fendre le crâne en deux avec un cd lancé comme un freesbee sur la piste de dance, en visant les gens qui ne mettaient pas assez d’entrain à danser…Oui j’ai été DJ…mais seulement 3 ans…
DJ Amigo succéda à MadCow, mais les échos de ces nuits résonnent encore, comme un rappel que la vie est une danse entre discipline et délire.
Mon nom, associé à des lancers de CD et des sets imprévisibles, m’a valu un exil vers le Club Med en tant que GO – une autre aventure, un autre rythme…mais ça…c’est une autre histoire…