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Contenus médias : Google a-t-il prouvé que la presse ne vaut rien ?

Médias & Cinéma Sciences & Technologie
Temps de lecture : 3 minutes

Le test de Google qui dévalorise les médias : une claque pour la presse ?


On y est. Google vient de lâcher une bombe qui fait trembler les rédactions européennes : selon les résultats de son test, mené entre mi-novembre 2024 et février 2025 dans plusieurs pays d’Europe, les contenus médias auraient un impact quasi nul sur ses audiences et ses revenus.

En clair, pour le géant de la tech, la presse, c’est peanuts.
Mais derrière ce verdict, il y a un sacré parfum de manipulation, et le Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM) ne l’entend pas de cette oreille.

Alors, info ou intox ? Je décortique pour vous cette affaire qui sent le soufre.

Un test pour jauger la valeur des contenus médias

Reprenons depuis le début.
Google a lancé une expérimentation dans huit pays européens, excluant la France où le SEPM a obtenu une suspension judiciaire.
L’idée ? Retirer les contenus médias – articles de presse, extraits d’actualité – des résultats de recherche, de Google News et de Discover pour 1 % des utilisateurs, pendant dix semaines.

Objectif affiché : mesurer l’impact de ces contenus sur le comportement des internautes et, par extension, sur les revenus du moteur de recherche.
Pourquoi ? Parce que Google est en pleines négociations sur les droits voisins, ce mécanisme européen de 2019 qui oblige les plateformes à rémunérer les éditeurs pour l’utilisation de leurs articles.
Et là, surprise :

Le groupe a publié le résultat de son test réalisé entre mi-novembre et février dans plusieurs pays européens pour analyser le comportement des utilisateurs sur les contenus d’information indexés dans son écosystème et ainsi estimer leur valeur, dans le cadre de ses négociations pour appliquer les droits voisins.

Traduction : pour Google, les contenus médias ne pèsent pas lourd dans la balance.

Le SEPM crie au scandale

Mais le SEPM, qui représente 80 groupes de presse et près de 500 publications, n’est pas dupe.

Le SEPM, qui a fait suspendre le test en France, balaie les résultats qu’il juge biaisés.

Et on peut les comprendre.
D’abord, ce test sent la stratégie de négociation à plein nez.
En minimisant la valeur des contenus médias, Google se donne un argument en or pour réduire les montants versés aux éditeurs au titre des droits voisins.

Ensuite, la méthodologie pose question. Dix semaines sur 1 % des utilisateurs, est-ce vraiment représentatif ?
Et pourquoi Google n’a-t-il pas publié de données brutes, transparentes, pour étayer ses conclusions ?

Sur X, des voix s’élèvent, dénonçant un « test biaisé » destiné à « écraser la presse ».
Le SEPM, lui, parle d’une tentative d’intimidation, un moyen pour Google de dévaloriser l’apport des médias à son modèle économique.

Les droits voisins, un bras de fer sans fin

Cette affaire s’inscrit dans un contexte tendu. Les droits voisins sont un sujet brûlant depuis leur instauration.
En France, Google a déjà écopé d’une amende de 250 millions d’euros en mars 2024 pour non-respect de ses engagements, après une sanction record de 500 millions en 2021.
Le géant américain a beau avoir signé des accords avec des éditeurs – 140 publications en 2022, selon des chiffres officiels –, il continue de jouer la carte de la pression.

En Espagne, Google avait carrément fermé son service Actualités entre 2014 et 2022 pour éviter de payer.
Aujourd’hui, ce test semble être une nouvelle arme dans son arsenal : prouver que les contenus médias ne valent rien, ou presque, pour mieux négocier à la baisse.

Une menace pour la presse et l’information

Mais au-delà des chiffres, c’est l’avenir de l’information qui est en jeu.
Si Google réussit à imposer cette narrative, les éditeurs risquent de se retrouver avec des miettes, incapables de financer un journalisme de qualité.

Et les utilisateurs, eux, que cherchent-ils vraiment ?
Des posts sur X suggèrent que beaucoup se tournent vers les réseaux sociaux pour s’informer quand les contenus médias disparaissent des moteurs de recherche.
Mais entre un article sourcé et un tweet au hasard, le choix est vite fait pour qui veut de l’info fiable.

Google, avec ses 92 % de parts de marché en Europe, a une responsabilité énorme.
En dévaluant la presse, il joue avec le feu.

Et maintenant, on va où ?

Le SEPM attend une décision de l’Autorité de la concurrence pour trancher sur le fond.
Mais une chose est sûre : ce test, même s’il a été stoppé en France, a laissé des traces.

Google a-t-il vraiment prouvé que les contenus médias ne valent rien, ou est-ce juste une énième manœuvre pour asseoir sa domination ?

Une chose est certaine : la presse ne se laissera pas faire. Et nous, lecteurs, on a tout intérêt à ce qu’elle tienne bon.


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