🦟Le chikungunya à La Réunion : une épidémie qui interroge les risques en France
On dirait un scénario de film catastrophe, mais c’est bien réel.
À La Réunion, le chikungunya fait des ravages, et les chiffres donnent le tournis. Imaginez : plus de 10 000 cas par semaine, des hôpitaux au bord de l’asphyxie, et un plan blanc déclenché pour tenter de tenir le choc.
Gérard Cotellon, le patron de l’ARS locale, ne mâche pas ses mots :
La situation est préoccupante.
Et pendant ce temps, on se demande tous : est-ce que ce virus, porté par ce satané moustique tigre, va débarquer dans l’Hexagone dans les prochaines heures ?
Décryptage.
Une île sous tension : l’épidémie de chikungunya explose
À La Réunion, ça chauffe. Depuis août 2024, le virus s’est réveillé, et ces dernières semaines, il a mis le turbo.
Entre le 17 et le 23 mars, près de 6 000 cas officiels ont été recensés, mais Cotellon estime qu’on pourrait multiplier ce chiffre par trois ou quatre, vu que tout le monde ne passe pas par la case dépistage.
Deux décès confirmés – des personnes de 86 et 96 ans – et 31 cas graves, dont la moitié chez des nourrissons, viennent assombrir le tableau.
Le pic ? Prévu mi-avril, selon les experts. D’ici là, ça risque de secouer encore plus fort.
Le chikungunya, c’est pas une grippette.
75% des personnes piquées tombent malades
explique le Dr Eric Caumes, spécialiste des maladies tropicales.
Fièvre, éruptions, et des douleurs articulaires qui te clouent au lit – parfois pour des mois.
Marlène, 73 ans, raconte à l’AFP :
Pendant une semaine, au moindre contact, j’avais mal.
Pas de remède miracle, juste des antalgiques pour tenir le coup. Sympa, non ?
Les hôpitaux dans le rouge : le sud de l’île en première ligne
Le CHU de La Réunion a sorti l’artillerie lourde : plan blanc activé vendredi 4 avril 2025, une première en trois ans.
Pourquoi ? Parce que les urgences sont saturées, surtout à Saint-Pierre, dans le sud, où les foyers de chikungunya pullulent.
On a entre 30 et 35 absents par jour parmi le personnel, eux aussi touchés
déplore Cotellon.
Résultat : des opérations annulées, du personnel rappelé, et trois cliniques privées appelées en renfort avec 30 lits supplémentaires. Mais même ça, ça ne suffit pas à désengorger.
Le plan blanc, c’est quoi ce délire et d’où vient ce nom ?
Le plan blanc, c’est le joker que les hôpitaux sortent quand tout part en vrille.
Imagine : une épidémie qui te met le système à genoux, genre le chikungunya qui joue les stars à La Réunion justement, ou un carambolage monstre qui remplit les urgences en deux secondes. Codifié en 2004 après que les politiques ont décidé de moderniser la sécurité civile, ce truc permet de tout chambouler : on vire les opérations pas vitales, on rappelle les toubibs en mode « finies les vacances », et on dégaine des lits comme par magie.
À La Réunion, ils l’ont activé parce que les urgences sont en PLS et que même les soignants chopent le virus – ouais, ça craint.
Et pourquoi « blanc » ? Pas parce qu’ils jettent l’éponge, hein.
Ça vient des blouses immaculées des docs, et aussi de l’idée d’une page vierge à remplir selon le bordel du jour.
Bref, c’est la guerre, mais avec des stéthoscopes.
La vaccination, un espoir tardif ?
Aujourd’hui, lundi 7 avril 2025, une campagne de vaccination démarre enfin, ciblant les plus de 65 ans avec comorbidités.
Le vaccin Ixchiq, made in Valneva, est gratuit en pharmacie, avec 40 000 doses déjà en route et 50 000 autres promises d’ici fin avril.
La Haute Autorité de santé avait donné son feu vert début mars, mais pour certains, c’est un peu tard.
On aurait pu agir avant
tacle Eric Caumes.
Patrick Mavingui, infectiologue local, enfonce le clou : ça ne stoppera pas la transmission, mais ça pourrait au moins limiter les formes graves.
Et l’Hexagone dans tout ça ?
Alors, faut-il trembler en métropole ?
Pas dans les prochaines heures, soyons clairs. Aucun cas récent n’a été signalé en France continentale.
Mais le moustique tigre, ce petit enfoiré rayé noir et blanc, est déjà bien installé chez nous – dans 78 départements, rien que ça.
En 2022, Santé publique France a compté 23 cas importés de chikungunya, tous ramenés par des voyageurs.
Avec les échanges aériens entre La Réunion et l’Hexagone, le risque existe.
Surtout que l’été austral là-bas coïncide avec notre printemps, et que les conditions chaudes et humides favorisent ces bestioles.
Pour l’instant, pas de panique, mais les autorités parlent d’un « risque élevé » d’épidémie dans les cinq ans. Vigilance, donc.
Des cas qui voyagent : Mayotte et Martinique touchées
Le virus ne reste pas sagement à La Réunion.
À Mayotte, 12 cas sont déjà enregistrés, dont un autochtone depuis le 26 mars.
En Martinique, un cas importé a été détecté mi-mars, avec des mesures anti-moustiques déployées illico. Preuve que le chikungunya sait prendre l’avion.
Que faire pour se protéger ?
Pas de vaccin pour tous en vue, alors on revient aux basiques : répulsifs, vêtements longs, et chasse aux eaux stagnantes où ces moustiques pondent.
À La Réunion, Manuel Valls, attendu dimanche, mise sur une mobilisation collective. En métropole, c’est à nous de jouer les sentinelles.