Le Taenioides cirratus : un monstre marin ou juste un poisson mal compris ?
Imagine-toi, seul face Ă lâocĂ©an, les vagues qui clapotent doucement contre la rive.
Tu plonges ton regard dans lâeau trouble, et lĂ , quelque chose remue.
Un Ă©clat rouge sang, des dents qui brillent comme du verre brisĂ©, et des yeux si petits quâon dirait quâils ont oubliĂ© dâexister.
Non, ce nâest pas un cauchemar ni un monstre sorti dâun film dâhorreur.
Câest le Taenioides cirratus, un poisson qui vit dans les estuaires boueux, entre deux mondes, lĂ oĂč lâeau douce flirte avec le sel.
Un look qui ne passe pas inaperçu
Ce poisson, quâon appelle aussi « Bearded Worm Goby » (gobie barbu Ă vers, en français), a de quoi te faire frissonner.
Long de 30 cm maximum, il a un corps serpentiforme, une peau lisse et glissante, et une gueule garnie de dents acĂ©rĂ©es qui dĂ©bordent mĂȘme Ă lâextĂ©rieur.
Ses yeux minuscules, presque inutiles, te donnent lâimpression quâil te fixe sans vraiment te voir.
Moi, la premiĂšre fois que jâai vu une photo de ce Taenioides cirratus, jâai cru Ă une blague.
Mais non, il existe bel et bien, tapi dans les fonds vaseux de lâocĂ©an Indien et du Pacifique occidental, de lâAfrique de lâEst au Japon.
Un survivant des marées
Ce qui me fascine, câest sa capacitĂ© Ă vivre lĂ oĂč dâautres abandonneraient.
Le Taenioides cirratus creuse des galeries dans la boue, un peu comme un architecte sous-marin.
Des Ă©tudes, comme celle dâItani et Uchino en 2003, ont montrĂ© quâil façonne des tunnels avec des monticules Ă lâentrĂ©e, un vrai petit ingĂ©nieur !
Et tiens-toi bien : grĂące Ă des chambres branchiales spĂ©ciales, il peut respirer lâair.
Oui, tu as bien lu. Ce poisson peut sortir de lâeau et survivre un moment, rampant peut-ĂȘtre jusquâĂ un autre point dâeau.
Ăa me fait penser Ă ces fois oĂč, gamin, je cherchais des crabes dans la vase.
Si jâavais croisĂ© un Taenioides cirratus, jâaurais probablement hurlĂ© avant de courir raconter ça Ă tout le monde.
Une vie discrĂšte, mais pas sans danger
CÎté menu, il ne fait pas dans la dentelle.
Crustacés et petits poissons finissent dans son estomac. Sa discrétion en fait un prédateur redoutable dans son habitat boueux.
Pourtant, il reste un mystĂšre. LâUnion internationale pour la conservation de la nature (UICN) le classe en « Data Deficient » sur sa Liste rouge depuis 2011.
On sait si peu de choses sur lui !
Est-il menacé ? ProspÚre-t-il en secret ? Toi et moi, on peut se poser la question, mais les scientifiques, eux, pataugent encore.
Pourquoi il me parle, ce poisson
Je ne sais pas toi, mais moi, le Taenioides cirratus me touche.
Il a ce cÎté outsider, ce survivant qui ne cherche pas la lumiÚre, mais qui fait son chemin malgré tout.
Peut-ĂȘtre parce que, des fois, je me sens un peu comme lui : Ă naviguer dans des eaux troubles, Ă chercher ma place.
Et puis, avoue, il a une gueule qui raconte une histoire. Pas besoin de mots, juste un regard (ou presque) pour capter ton attention.
Un appel Ă lâexploration
Alors, la prochaine fois que tu marches prĂšs dâun estuaire, pense Ă lui.
Le Taenioides cirratus est lĂ , quelque part, dans la vase, Ă vivre sa vie dâĂ©trange crĂ©ature.
Peut-ĂȘtre quâun jour, on en saura plus sur ce poisson insaisissable.
En attendant, il reste une Ă©nigme, un petit bout de nature qui me rappelle que le monde est plein de surprises, mĂȘme dans les coins les plus sombres.