Ahmed al-Charaa

Macron reçoit al-Charaa : un pari risqué pour la transition syrienne

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Macron et al-Charaa : une rencontre sous haute tension pour la Syrie


Analysons ensemble la rencontre du 7 mai 2025 entre le président français Emmanuel Macron et Ahmed al-Charaa, président par intérim de la Syrie, à l’Élysée.
Ce tête-à-tête, destiné à accompagner la transition syrienne après la chute de Bachar al-Assad en décembre 2024, soulève des questions cruciales sur la stabilisation d’un pays ravagé par 14 ans de guerre civile.
Mais en recevant un ancien chef rebelle au passé jihadiste, Macron joue-t-il une carte audacieuse ou imprudente ?

Voici les enjeux et les controverses de cette rencontre.

Une transition syrienne sous pression

Ahmed al-Charaa, ancien leader de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), un groupe autrefois lié à Al-Qaïda, dirige désormais la Syrie en tant que président par intérim.
Depuis la prise de Damas, il promet une gouvernance inclusive et une rupture avec son passé extrémiste, abandonnant son nom de guerre, Abou Mohammad al-Joulani.
Pourtant, son pouvoir repose sur une coalition islamiste, et des violences interconfessionnelles, notamment contre les alaouites (1 700 morts en mars 2025) et les druzes, ternissent son discours.
Macron, conscient de ces tensions, a exigé des garanties pour la protection de toutes les communautés syriennes, appuyant la création d’une commission d’enquête indépendante, bien que celle-ci n’ait encore produit aucun résultat concret.

Un dialogue diplomatique à double tranchant

La France, qui a soutenu l’opposition à Assad dès 2011, voit en cette rencontre une opportunité de peser sur la reconstruction syrienne.
Macron a plaidé pour un assouplissement des sanctions européennes, arguant que 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon un rapport de l’ONU. Cependant, il juge prématurée la levée des sanctions internationales visant al-Charaa, toujours sous interdiction de voyager.
Par ailleurs, al-Charaa a révélé des négociations indirectes avec Israël via des médiateurs pour apaiser les tensions, alors que des frappes israéliennes persistent en Syrie.

Macron a critiqué ces interventions, les estimant contraires à la stabilité régionale.

Des promesses à l’épreuve des faits

Al-Charaa a tenté de rassurer sur la question des jihadistes étrangers, dont une centaine de Français, affirmant qu’ils ne menaceraient pas leurs pays d’origine et évoquant une possible naturalisation.
Macron, lui, a réitéré le soutien français aux Kurdes, alliés clés contre Daech. Mais les engagements d’al-Charaa peinent à convaincre, faute d’avancées sur les enquêtes des massacres récents ou sur une gouvernance véritablement inclusive.
Ces incertitudes alimentent les doutes sur la viabilité de la transition qu’il incarne.

Une réception controversée en France

En France, l’invitation d’al-Charaa a provoqué un tollé. Des figures comme Marine Le Pen et Laurent Wauquiez ont dénoncé la légitimation d’un homme au passé jihadiste, qualifié de « terroriste ». Des manifestations, réunissant alaouites, druzes, chrétiens et sunnites, ont éclaté à Paris, accusant al-Charaa de « nettoyage ethnique ».
Ces critiques soulignent le risque pris par Macron : en misant sur un dialogue avec al-Charaa, il pourrait normaliser un dirigeant controversé sans garanties solides, au nom d’une realpolitik visant à contrer les influences russe, turque et israélienne en Syrie.

Un pari pour l’avenir ou une erreur stratégique ?

Cette rencontre illustre le dilemme de Macron : accompagner une transition fragile tout en imposant des conditions éthiques.
En soutenant une levée progressive des sanctions et en dialoguant avec al-Charaa, la France cherche à se positionner comme un acteur clé dans la reconstruction syrienne.
Mais le passé d’al-Charaa et l’absence de progrès concrets sur les droits humains jettent une ombre sur ce pari.
La stratégie française, bien que pragmatique, pourrait se heurter à une opinion publique sceptique et à des partenaires internationaux divisés.


Que pensez-vous de cette rencontre entre Macron et al-Charaa ? Partagez votre avis ou votre témoignage dans les commentaires ci-dessous.


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