Complément d’enquête : Moix et Depardieu devant le tribunal en octobre
Je vous invite à analyser ensemble une affaire judiciaire complexe impliquant Yann Moix et Gérard Depardieu, deux figures publiques confrontées à une bataille légale avec les auteurs de l’émission Complément d’enquête.
Ce conflit, qui trouve son origine dans un reportage diffusé en décembre 2023, a pris une tournure judiciaire majeure, avec une audience prévue en octobre 2025 devant le tribunal correctionnel de Paris.
Voici le récit des événements, des débuts du scandale aux derniers rebondissements.
Les origines : un tournage controversé en Corée du Nord
En septembre 2018, Yann Moix, écrivain et réalisateur, accompagne Gérard Depardieu en Corée du Nord pour célébrer les 70 ans du régime.
Ce voyage, destiné à produire un film intitulé « 70 », donne lieu à des images brutes (rushes) où Depardieu tient des propos obscènes, notamment dans une séquence tournée dans un haras.
L’acteur y commente de manière sexualisée une fillette à cheval, déclarant :
Si jamais il galope, elle jouit.
Ces images, jamais diffusées à l’époque, sont récupérées par la société de production Hikari, dirigée par Anthony Dufour, qui les transmet à l’émission Complément d’enquête de France 2.
Le 7 décembre 2023, l’émission diffuse un reportage intitulé « Gérard Depardieu : la chute de l’ogre », qui suscite un tollé.
Les propos de Depardieu, jugés choquants, alimentent une polémique sur son comportement, déjà entaché par des accusations de violences sexuelles.
Moix, furieux, accuse Hikari d’avoir « volé » ses rushes sans son autorisation, annonçant son intention de porter plainte contre Dufour.
Une bataille judiciaire à plusieurs fronts
Rapidement, l’affaire prend une dimension judiciaire. Depardieu et Moix attaquent Hikari et France Télévisions pour « montage illicite » et « abus de confiance », contestant la véracité de la séquence du haras.
Ils affirment que les propos de Depardieu ne visaient pas la fillette, mais une femme d’une trentaine d’années, et que le montage a déformé la réalité.
En réponse, les auteurs du reportage – Anthony Dufour, le réalisateur Damien Fleurette, le monteur Emmanuel Baert et le caméraman Daniele Vella – contre-attaquent en mars 2025. Ils déposent une citation directe contre Moix et Depardieu pour « dénonciation calomnieuse », « fausse attestation » et « tentative d’escroquerie au jugement ».
Un élément clé de cette contre-attaque repose sur un mail envoyé par Moix à son avocat en janvier 2024, où il décrit le film comme une « fiction » dans laquelle lui et Depardieu joueraient leurs propres rôles.
Cette affirmation, qui contredit ses déclarations antérieures présentant le projet comme un documentaire, est qualifiée de « fausse attestation » par les avocats de Complément d’enquête, Emmanuel Tordjman et Joséphine Sennelier. Ils estiment que Moix et Depardieu tentent de manipuler la justice pour discréditer le reportage.
Les rebondissements : authenticité des images et nouvelles révélations
La question de l’authenticité des images est au cœur du litige.
France Télévisions mandate un huissier pour analyser les rushes, qui conclut à leur véracité. Cependant, l’avocat de Moix et Depardieu, Jérémie Assous, conteste ce constat, affirmant sur le plateau de Touche pas à mon poste que les images ont été manipulées.
En octobre 2024, la cour d’appel de Paris ordonne une expertise indépendante des rushes, renforçant les espoirs de Moix de récupérer son film.
Par ailleurs, en février 2025, de nouveaux enregistrements révélés par Check News montrent Moix tenant des propos misogynes, aggravant les accusations contre lui.
Il y déclare notamment, à propos d’une ex-compagne :
C’est des femmes abîmées, des femmes qui ne ressentent rien, donc faut cogner.
Ces révélations fragilisent sa défense, qui repose sur l’idée d’une œuvre fictionnelle.
Vers un dénouement en octobre 2025
L’audience prévue en octobre 2025 devant le tribunal correctionnel de Paris s’annonce cruciale.
Elle examinera les plaintes croisées : celle de Moix et Depardieu pour montage illicite, et celle des auteurs de Complément d’enquête pour tentative d’escroquerie au jugement.
Ce procès, qui oppose des questions d’éthique journalistique à des accusations de manipulation judiciaire, pourrait redéfinir la responsabilité des médias et des artistes dans la gestion des images sensibles.
Pour l’heure, l’affaire continue de diviser l’opinion publique, entre ceux qui dénoncent les méthodes de l’émission et ceux qui soutiennent son travail d’investigation.
Si vous avez un avis sur cette affaire ou souhaitez partager une réflexion, je vous invite à laisser un commentaire ci-dessous.
Crédits Photo : Document Libération