Nadia El Bouroumi : une suspension avec sursis pour déontologie
Je vous invite à explorer une affaire qui secoue le monde judiciaire français : la condamnation de l’avocate avignonnaise Nadia El Bouroumi, figure médiatique du procès des viols de Mazan, à une suspension avec sursis pour des manquements déontologiques.
Cette décision, rendue le 23 avril 2025 par le conseil de discipline de la cour d’appel de Nîmes, soulève des questions cruciales sur les limites de la profession d’avocat à l’ère des réseaux sociaux.
Une condamnation pour des faits antérieurs au procès Mazan
Nadia El Bouroumi, âgée de 46 ans, s’est vue infliger une suspension d’un an avec sursis, une sanction moins sévère que les 18 mois de suspension ferme requis lors de l’audience du 19 février 2025.
Le conseil de discipline a reproché à l’avocate d’avoir :
contrevenu aux règles déontologiques de la profession d’avocat en étant actionnaire majoritaire d’une société commerciale dispensant des prestations de coaching, alors que cette activité n’est pas connexe à la profession d’avocat.
Un autre grief concerne un incident survenu en mai 2023 au palais de justice d’Évry, où elle a eu un accrochage avec une consœur.
En complément, l’avocate est tenue de suivre 20 heures de formation en déontologie et se voit interdite de siéger au sein de l’ordre des avocats ou du conseil national du barreau.
Ces faits, antérieurs à sa médiatisation lors du procès Mazan, n’ont toutefois pas de lien direct avec ses agissements dans cette affaire.
Un appel pour défendre une vision moderne de la profession
Dès l’annonce du verdict, Nadia El Bouroumi a réagi sur son compte Instagram, affirmant son intention de faire appel :
J’ai décidé de faire appel. Parce que je me battrai toujours pour que le périmètre d’action de l’avocat évolue. Parce qu’on ne peut pas, en 2025, réduire notre métier à un exercice figé, déconnecté des réalités économiques, sociales et humaines.
Voir cette publication sur Instagram
Cette prise de position reflète sa volonté de redéfinir les contours d’une profession qu’elle juge trop rigide face aux évolutions sociétales.
Notons que l’avocate a été relaxée des accusations liées à la publication de photos de salles d’audience sur les réseaux sociaux, un point qui avait suscité des débats lors de l’audience disciplinaire.
Ses avocats, Me Olivier Morice et Me Khadija Aoudia, ont argué que les preuves de telles captations étaient absentes, renforçant leur confiance dans l’issue de la procédure.
Les réseaux sociaux : un défi pour la déontologie
L’affaire met en lumière un sujet brûlant : la présence des avocats sur les réseaux sociaux.
Lors du procès Mazan, Nadia El Bouroumi s’était distinguée par ses publications fréquentes, notamment des vidéos commentant les audiences, souvent dans un style décontracté.
Si ces agissements n’ont pas été directement sanctionnés dans cette procédure, ils ont alimenté les discussions sur la frontière entre liberté d’expression et respect des principes déontologiques.
À Monaco, l’ordre des avocats, par la voix de son bâtonnier Me Bernard Bensa, s’interroge également sur ce phénomène.
Dans une interview il a déclaré :
Un avocat ne peut pas être un influenceur
soulignant la nécessité de préserver la dignité de la profession.
À Paris, un guide déontologique de 2023 encadre déjà l’usage des réseaux sociaux par les avocats, et Monaco envisage de suivre cet exemple.
Une affaire qui interroge l’avenir de la profession
Cette condamnation, bien que limitée à une suspension avec sursis, marque un tournant pour Nadia El Bouroumi, dont le parcours atypique et l’approche médiatique ont divisé l’opinion. Son appel pourrait ouvrir un débat plus large sur l’évolution des règles déontologiques dans un monde où les réseaux sociaux redéfinissent les interactions professionnelles.
En attendant, l’avocate continue de défendre sa vision d’un métier plus ouvert, tout en naviguant dans une tempête judiciaire et médiatique.
Si vous avez un avis sur l’usage des réseaux sociaux par les avocats ou sur cette affaire, n’hésitez pas à laisser votre commentaire ci-dessous.
Crédits Photo : Instagram