Un marathon musical de 16 heures : Igor Levit défie Vexations à Londres
Je t’invite à analyser ensemble un événement qui va secouer Londres ce jeudi 24 avril 2025 : un pianiste, Igor Levit, va jouer 840 fois la même partition d’Erik Satie, pendant plus de 16 heures.
Oui, tu as bien lu. Seize heures. Un marathon musical qui s’annonce aussi fascinant qu’épuisant.
Accroche-toi, je t’emmène dans cette aventure hors norme…
Une partition répétée 840 fois : Vexations, c’est quoi ce délire ?
Alors, commençons par le cœur de l’histoire : Vexations, une œuvre du compositeur français Erik Satie, n’est pas une symphonie grandiose ni un concerto romantique.
C’est une partition d’une seule page, un motif musical d’une minute et demie, que Satie a décidé – pour des raisons qui restent un mystère – de faire répéter 840 fois.
Résultat ? Une performance qui dure entre 16 et 20 heures.
Autant dire que c’est l’équivalent musical d’un ultra-marathon, mais sans les baskets et avec un piano.
Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le Southbank Centre qui organise l’événement et qualifie ça d’« exploit d’endurance ».
Et pour cause : habituellement, pour jouer Vexations, plusieurs pianistes se relaient, un peu comme une équipe de coureurs dans une course de relais.
Mais Igor Levit, lui, a décidé de relever le défi en solo.
Tout seul, face à son piano, pendant des heures. Je ne sais pas pour toi, mais moi, après 10 minutes de répétition d’une même tâche, je commence à rêver de vacances aux Maldives.
Igor Levit, le virtuose qui n’a pas peur des défis
À 38 ans, Igor Levit n’est pas un inconnu dans le monde de la musique classique.
Ce pianiste germano-russe est une pointure, un virtuose qui a déjà fait trembler les salles de concert avec ses interprétations de Beethoven ou Brahms.
Mais là, il passe à un autre niveau. Pourquoi s’infliger ça, me diras-tu ? Eh bien, Igor n’en est pas à son coup d’essai.
Pendant le confinement de 2020, il avait déjà joué Vexations pendant 20 heures dans son studio à Berlin, en livestream, pour lever des fonds pour les musiciens indépendants touchés par la crise du Covid-19. Un héros, quoi.
Cette fois, c’est différent : il joue en public, devant une salle, à la Queen Elizabeth Hall de Londres. Et pas question de faire des pauses prolongées.
Comme il l’a expliqué dans une interview au Guardian, il aura droit à des moments pour boire, manger, et même – accroche-toi – « se soulager discrètement ».
Oui, même les génies ont des besoins humains.
Ça me rappelle cette fois où j’ai essayé de rester concentré pendant une réunion Zoom de trois heures… et j’ai lamentablement échoué.
Marina Abramović, la maestra de l’extrême
Si l’idée d’un pianiste jouant 840 fois la même chose te semble déjà folle, attends de savoir qui est aux commandes : Marina Abramović.
À 78 ans, cette artiste serbe est une légende de l’art performance, connue pour repousser les limites du corps et de l’esprit. Tu te souviens de son projet où elle restait assise des heures à fixer des inconnus dans les yeux au MoMA ?
Eh bien, ici, elle dirige l’événement et prépare le public à cette expérience unique.
Marina décrit cette performance comme un moment où « le temps cesse d’exister ». Elle promet « silence, endurance, immobilité et contemplation ». En gros, elle t’invite à te perdre dans cet océan de répétitions, où chaque variation subtile devient une petite vague qui t’emporte.
Moi, je ne suis pas sûr si je serais hypnotisé ou si je commencerais à compter les carreaux du plafond au bout d’une heure. Et toi, tu tiendrais combien de temps ?
Un spectacle qui casse les codes
Ce qui rend ce marathon musical encore plus intrigant, c’est la mise en scène.
Marina Abramović ne fait rien à moitié. Avec le designer David Amar et le maître de l’éclairage Urs Schönebaum, elle a imaginé un décor qui évolue pendant les 16 heures.
La plateforme où se trouve le piano de Levit va se fragmenter, comme un puzzle, permettant au public de s’approcher peu à peu du pianiste.
C’est un peu comme si le spectacle te disait :
Viens, on va tous finir par être copains avec Igor à la fin.
Et le public, parlons-en. Tu peux acheter un billet pour une heure seulement, à partir de 32 £, ou pour l’intégralité du concert si tu te sens l’âme d’un warrior.
Le spectacle commence à 10h du matin le jeudi et pourrait se terminer… quelque part vendredi matin.
Perso, je me vois bien arriver avec mon thermos de thé et mon coussin pour le dos, prêt à vivre cette expérience comme un pèlerinage musical. Pas toi ?
Pourquoi Vexations fascine autant
Mais au fond, qu’est-ce qui pousse un artiste à se lancer dans un tel défi ? Et pourquoi Vexations intrigue autant ?
Satie, ce compositeur excentrique, n’a jamais précisé si l’œuvre devait vraiment être jouée 840 fois. Certains pensent même que c’était une blague ou une provocation.
Pourtant, depuis que John Cage a organisé la première performance complète en 1963, l’œuvre est devenue un symbole de l’art expérimental. Elle défie notre rapport au temps, à la répétition, à la patience.
Igor Levit, lui, voit dans Vexations une forme de méditation. « C’est un espace vide », dit-il, où il invite le public à « se laisser aller ».
Pas de message caché, pas d’histoire à décoder, juste une invitation à être présent. Ça me fait penser à ces moments où je me perds dans mes pensées en faisant la vaisselle, sauf que là, c’est un pianiste de génie qui te guide dans cette transe.
Une expérience à vivre… ou à admirer de loin
Je t’invite à évaluer ensemble ce que cet événement représente.
D’un côté, c’est une prouesse artistique, un dialogue entre la musique et l’endurance, entre un pianiste et une performeuse légendaire.
De l’autre, c’est un défi qui peut sembler absurde : 840 répétitions, vraiment ? Pourtant, c’est précisément ce mélange d’absurde et de sublime qui rend ce marathon musical si captivant.
Si tu es à Londres ce 24 avril, peut-être te laisseras-tu tenter par une heure (ou seize) de Vexations en te disant que, finalement, répéter la même tâche 840 fois, c’est un peu comme essayer de vider sa boîte mail un lundi matin.
Sauf que là, c’est beau, c’est poétique, et ça risque de te faire voir le temps autrement.