Google ressuscite les lunettes connectées : l’IA Gemini au cœur d’un prototype futuriste
Les lunettes connectées, longtemps reléguées au rang de fantasme technologique, font un retour fracassant.
Lors d’une conférence TED à Vancouver, Google a levé le voile sur un prototype audacieux, mêlant réalité augmentée et intelligence artificielle via son IA Gemini et son système Android XR.
Ce n’est pas juste un gadget : c’est une fenêtre sur un futur où la technologie fusionne avec notre quotidien, discrète mais puissante.
Dans l’ombre des Google Glass, ce projet intrigue, questionne, et ravive les débats sur la vie privée et l’innovation.
Bienvenue dans une nouvelle ère, où les lunettes ne servent plus seulement à voir, mais à comprendre le monde.
Un comeback inattendu après les Google Glass
Flashback : 2012.
Google lançait les Google Glass, un ovni technologique qui promettait de révolutionner notre rapport au numérique.
Des lunettes capables d’afficher des infos en temps réel, de prendre des photos, de répondre à des commandes vocales.
Mais le rêve a viré au cauchemar. Trop futuristes, trop intrusives, elles ont cristallisé les peurs autour de la surveillance et de la vie privée.
Le terme « glasshole » est même entré dans le langage courant pour moquer leurs utilisateurs.
Résultat ? Google enterre la version grand public en 2015, se contentant d’une déclinaison pro jusqu’en 2023.
Pourtant, Google n’a jamais vraiment lâché l’affaire. En fin d’année dernière, l’annonce d’Android XR, un système d’exploitation dédié à la réalité augmentée, a secoué le secteur.
Pensé comme un concurrent direct au visionOS d’Apple et à l’Horizon OS de Meta, il accompagne un partenariat avec Samsung pour un casque XR, baptisé « Project Moohan« .
Mais la vraie surprise, c’est ce prototype de lunettes connectées, dévoilé par Shahram Izadi, vice-président XR chez Google.
Loin des échecs passés, ce projet veut réécrire l’histoire.
Des lunettes qui voient et pensent grâce à Gemini
Oubliez les Ray-Ban Meta, simples accessoires connectés. Ces lunettes sont de la réalité augmentée pure, avec des écrans intégrés dans les verres pour superposer des informations graphiques. Leur design ? Un prototype brut, mais qui aspire à ressembler à des lunettes classiques.
Lors de la démo TED, Shahram Izadi,vice-président et directeur général de XR chez Google, a montré leur potentiel : afficher des notes de conférence en direct, traduire du farsi à l’anglais en temps réel, ou scanner un livre pour en extraire du contenu.
Tout ça, grâce à l’IA Gemini, qui analyse l’environnement via une caméra embarquée.
Cette caméra, nichée dans le verre, travaille de concert avec un microphone et un haut-parleur. Elle capte ce que vous voyez, et Gemini transforme ces données en actions concrètes : répondre à une question, traduire un panneau, ou contextualiser une scène.
C’est comme avoir un assistant omniscient dans vos lunettes. Mais attention, cette dépendance à une caméra ravive les vieux démons des Google Glass : quid de la vie privée quand votre regard devient une interface ?
Une architecture légère, mais dépendante du smartphone
Pas de chichi technique dans la présentation d’Izadi, mais quelques bribes d’infos.
Ces lunettes ne sont pas autonomes : elles s’appuient sur un smartphone pour les calculs lourds, notamment ceux requis par Gemini.
Ce choix permet de garder une monture fine et légère, proche d’une paire de lunettes standard. Exit les casques encombrants ou les batteries massives. Mais cette dépendance au téléphone pose une question : jusqu’où ira l’intégration ? Et surtout, la qualité de la caméra, cruciale pour les fonctions d’IA, reste un mystère après cette démo express.
Ce parti-pris technique rappelle une tendance plus large : les géants tech cherchent à rendre la réalité augmentée discrète, presque invisible. Contrairement aux casques immersifs, ces lunettes veulent s’intégrer dans la vie quotidienne, comme un prolongement naturel de nos sens. Mais pour y arriver, Google devra convaincre que la technologie est assez mature – et socialement acceptable.
Un écosystème XR en pleine ébullition
Ces lunettes ne sont qu’une pièce du puzzle Android XR. En parallèle, Google planche avec Samsung sur le casque « Galaxy XR », aperçu lors de la même conférence TED.
Ce dernier, testé en exclusivité par le YouTubeur Marques Brownlee (vidéo ci-dessous), se rapproche des Apple Vision Pro ou Meta Quest 3.
Il utilise la technologie « passthrough video » : des caméras externes filment le monde réel, affiché sur des écrans internes, où s’ajoutent des éléments virtuels. Imaginez plusieurs écrans d’ordinateur flottant dans votre salon.
Ce casque, attendu fin 2025 avec un prix salé (autour de 2 500 dollars), vise un public premium.
Des rumeurs évoquent aussi une paire de lunettes connectées chez Samsung, distincte du prototype Google.
Cette effervescence autour d’Android XR montre que Google ne mise pas sur un seul cheval, mais sur un écosystème complet, des lunettes discrètes aux casques immersifs.
Les défis d’un futur connecté
Ce prototype, aussi prometteur soit-il, n’est pas garanti de voir le jour.
Google a une fâcheuse tendance à dévoiler des concepts sans les concrétiser – souvenez-vous des Google Glass, abandonnées après un buzz initial.
Et les obstacles sont nombreux. Techniquement, il faudra peaufiner la qualité d’affichage, l’autonomie, et l’intégration de l’IA.
Socialement, le spectre des inquiétudes sur la vie privée plane toujours.
Une caméra qui filme en continu, même avec les meilleures intentions, risque de hérisser les défenseurs des libertés individuelles.
Et puis, il y a la question de l’acceptation culturelle. Les Google Glass ont échoué parce qu’elles semblaient déconnectées des usages réels et intrusives.
Ce nouveau prototype, avec ses applications concrètes (traductions, productivité), semble mieux ancré.
Mais convaincre le public que des lunettes intelligentes sont un besoin, et non un gadget, demandera un effort colossal.
Google devra jouer finement, entre innovation et transparence.
Un pari sur l’avenir
Ce prototype, même s’il reste au stade de démo, envoie un signal clair : Google veut reprendre la main sur la réalité augmentée.
Après avoir été pionnier avec les Google Glass, le géant de Mountain View refuse de laisser Apple et Meta dicter les règles du jeu.
En misant sur Gemini, une Intelligence Artificielle capable de comprendre le monde en temps réel, et sur Android XR, un système flexible, Google pose les bases d’un futur où la technologie s’efface derrière l’expérience.
Reste à savoir si ces lunettes dépasseront le stade du concept.
Leur succès dépendra de leur capacité à résoudre les erreurs du passé tout en offrant une valeur ajoutée indiscutable.
Pour l’instant, elles intriguent, fascinent, et rappellent que le futur, souvent, commence par un prototype audacieux.
Dans un monde où l’IA devient omniprésente, ces lunettes pourraient bien redéfinir notre façon de voir – au sens propre comme au figuré.