La quête martienne : un rêve américain ou une vitrine politique ?
Une obsession martienne au goût de pouvoir
Nous enverrons]des astronautes américains planter la bannière étoilée sur la planète Mars.
Ces mots, lâchés par Donald Trump lors de son discours d’investiture le 20 janvier 2025, ont rallumé la flamme d’une vieille lubie : poser le pied sur la planète rouge.
Derrière cette ambition martienne, la NASA, portée par son probable futur patron Jared Isaacman, parle d’un horizon dans les années 2030.
Mais soyons sérieux une seconde : entre les défis technologiques monstrueux et l’absence de plan clair, ça sent plus le coup politique que la révolution scientifique.
Pourquoi cette fixation sur Mars ?
Officiellement, on nous vend du rêve scientifique : explorer la planète rouge pour percer ses mystères, chercher des traces de vie passée, comprendre son évolution.
Mais ne nous voilons pas la face. La science, c’est le vernis brillant qu’on applique pour faire passer la pilule.
Le vrai moteur, c’est la puissance. Les États-Unis veulent montrer au monde qu’ils restent les boss, ceux qui dictent les règles, même à des millions de kilomètres de la Terre.
Et puis, il y a l’industrie aérospatiale, cette machine vorace qui a besoin de mégaprojets pour tourner à plein régime.
Une industrie qui carbure au rêve martien
Parlons cash : un programme martien, c’est une manne financière pour des décennies. Francis Rocard, expert du Centre national d’études spatiales (Cnes), ne mâche pas ses mots.
Dans une étude de 2014 de la National Academy of Sciences, on lit que ce genre de projet ne se justifie pas par un seul argument – ni la science, ni la sécurité nationale, ni même le prestige. Non, c’est un cocktail explosif où chaque ingrédient sert les intérêts d’un mastodonte économique.
On parle de 70 000 emplois de haut vol à maintenir, de budgets annuels de la NASA qui flirtent avec les 10 milliards de dollars, comme à l’époque de la Station spatiale internationale.
Avec la fin de l’ISS prévue pour 2030, il faut un nouveau jouet. Et quoi de mieux qu’un voyage vers Mars pour garder la machine en marche ?
Le programme Artemis, qui prévoit un retour sur la Lune d’ici 2027, est d’ailleurs un préambule à cette épopée martienne.
Une base lunaire comme tremplin ?
L’idée est séduisante, mais elle cache une réalité : tout ça sert à préparer le terrain pour un projet encore plus fou, encore plus coûteux. Et tant pis si la science passe au second plan.
La science, parent pauvre de l’aventure
On nous promet des découvertes incroyables : des échantillons rapportés par le rover Perseverance, des réponses sur la vie extraterrestre.
Mais soyons réalistes. Comme pour les missions Apollo, où la Lune n’était qu’un décor pour prouver la supériorité américaine, la science martienne est une excuse.
Les astronautes, s’ils y vont, ne choisiront pas leurs destinations pour leur intérêt géologique.
Non, tout sera dicté par la sécurité et les ressources, comme l’eau.
Les expériences scientifiques ? On y pensera une fois sur place, histoire de rentabiliser le voyage.
Un poker géopolitique
Paul Wohrer, chercheur à l’Institut français des relations internationales, le dit sans détour : les missions habitées sont des outils politiques.
Trump, avec son discours sur la « destinée » et la « frontière », joue sur les mythes fondateurs de l’Amérique.
Aller sur Mars, c’est l’apothéose d’une nation qui veut rester numéro un.
Mais à quel prix ? Un programme martien pourrait se faire en solo, loin de la coopération internationale qui a marqué Artemis.
Les États-Unis d’abord, les autres ensuite – ou pas du tout.
Et maintenant, on fait quoi ?
Pour l’instant, tout ça reste flou. Aucun plan concret, juste des déclarations enflammées.
Les experts, comme Francis Rocard, tablent sur 2040, voire plus tard, tant les obstacles sont nombreux : neuf mois de voyage, des vaisseaux à rude épreuve, des corps humains à protéger.
Et puis, il y a ce silence inquiétant sur Artemis. Trump n’en parle pas, et Jared Isaacman, pressenti à la tête de la NASA, reste vague.
Va-t-on zapper la Lune pour foncer sur Mars ? Ou l’inverse ? Personne ne sait.
Ce qui est sûr, c’est que cette course martienne n’est pas qu’une question de science ou de progrès. C’est une bataille d’ego, un jeu de pouvoir, une façon de dire au monde :
Regardez-nous, on est toujours là.
Mais à force de viser les étoiles, on risque d’oublier ce qu’on laisse derrière.