Un jeu vidéo controversé fait trembler Steam : No Mercy dans la tourmente
Un jeu qui choque par son contenu explicite
Le monde du jeu vidĂ©o est secouĂ© par une tempĂȘte nommĂ©e No Mercy, un titre qui a allumĂ© la mĂšche dâune controverse brĂ»lante.
Ce visual novel en 3D, développé par Zerat Games et disponible sur Steam depuis le 22 mars 2025, promet une plongée dans des thÚmes sombres et troublants.
Ce jeu contient des scĂšnes de sexe et de violence graphiques, un langage mature, de la nuditĂ©, ainsi que des reprĂ©sentations graphiques de rapports oraux, vaginaux et dâautres activitĂ©s sexuelles. Le contenu inclut lâinceste, le chantage, des rapports sexuels non consensuels inĂ©vitables, ainsi que lâutilisation de drogues, dâalcool et de cigarettes
prĂ©vient lâavertissement officiel du studio.
Et dire que j’ai eue des joueurs qui se plaignait que mon jeu Ă©tait ultra violent en voyant un bouc roter…(Je ne comprend rien Ă ce monde…đ)
Une description qui, loin de passer inaperçue, a dĂ©clenchĂ© une vague dâindignation.
Ce nâest pas juste un jeu pour adultes, non.
No Mercy met en scĂšne un protagoniste qui, aprĂšs avoir dĂ©couvert lâinfidĂ©litĂ© de sa mĂšre, choisit non pas de rĂ©parer sa famille, mais de la soumettre Ă sa domination.
Les joueurs sont invités à dévoiler des secrets, manipuler et imposer leur volonté, dans une narration qui glorifie des dynamiques toxiques.
Ce genre de contenu, qui flirte avec des tabous et des violences, pose une question essentielle : jusquâoĂč peut-on aller sous prĂ©texte de fiction ?
Steam sous pression : un retrait partiel
Face à la polémique, Steam a réagi, mais à moitié.
No Mercy a été désindexé des recherches au Canada, en Australie et au Royaume-Uni, rendant son accÚs plus difficile.
Pourtant,đ un lien direct permet toujours de lâacheter, comme si la plateforme jouait Ă cache-cache avec ses responsabilitĂ©s.
Lors dâun test, il Ă©tait encore possible de se procurer le jeu depuis le Canada sans aucune entrave, malgrĂ© son classement 18+.
Ce flou laisse un goĂ»t amer : est-ce vraiment suffisant pour protĂ©ger les utilisateurs, notamment les plus jeunes, qui pourraient contourner les faibles barriĂšres dâĂąge ?
Les voix sâĂ©lĂšvent contre la misogynie
La colĂšre ne vient pas de nulle part.
Dre Marie-Claire Isaaman, directrice de lâorganisation Women in Games, a sonnĂ© lâalarme.
Nous appelons Valve Corporation, les propriĂ©taires de Steam, Ă agir d’urgence. Ce jeu doit ĂȘtre retirĂ©. Des politiques de modĂ©ration de contenu plus strictes doivent ĂȘtre mises en place. Et une position de tolĂ©rance zĂ©ro envers la misogynie et la haine doit ĂȘtre clairement appliquĂ©e
a-t-elle dĂ©clarĂ©. Son message est clair : un jeu qui normalise la violence et lâoppression nâa pas sa place sur une plateforme aussi influente.
Au Royaume-Uni, la ministre Yvette Cooper a elle aussi haussé le ton, rappelant que «ce genre de contenu abominable est déjà illégal».
Elle pointe du doigt les failles des plateformes comme Steam, qui doivent assumer leur rĂŽle dans la rĂ©gulation des contenus quâelles hĂ©bergent.
Avec la loi britannique sur la sécurité en ligne, les attentes sont élevées : les géants du numérique ne peuvent plus se contenter de demi-mesures.
Une communauté divisée
Sur Steam, No Mercy suscite des réactions contrastées. Avec 185 avis recensés, le jeu affiche une note «plutÎt positive».
Certains joueurs encensent le titre, parfois par pur esprit de provocation face Ă la controverse.
Dâautres, horrifiĂ©s, dĂ©noncent un «simulateur de viol» qui dĂ©passe toutes les limites Ă©thiques. Cette fracture reflĂšte un dĂ©bat plus large : la libertĂ© artistique doit-elle primer sur la responsabilitĂ© sociale ?
Quand un jeu glorifie des actes illégaux et moralement condamnables, peut-on encore parler de simple divertissement ?
Vers un changement systémique ?
Cette affaire dépasse le simple cadre de No Mercy.
Elle met en lumiĂšre les failles dâun Ă©cosystĂšme oĂč la modĂ©ration est souvent laxiste.
Steam, en tant que mastodonte du jeu vidĂ©o, a le pouvoir dâinfluencer des millions de joueurs. Laisser des contenus problĂ©matiques prospĂ©rer, mĂȘme dans une section rĂ©servĂ©e aux adultes, envoie un message ambigu. Les appels Ă une rĂ©forme des politiques de Valve se multiplient, et cette fois, lâindustrie tout entiĂšre est sous les projecteurs.
Le scandale No Mercy nâest pas juste une tempĂȘte dans un verre dâeau. Il nous force Ă rĂ©flĂ©chir Ă ce que nous tolĂ©rons dans nos espaces numĂ©riques.
Entre libertĂ© dâexpression et protection des publics, la ligne est fine, mais elle existe.
Et si cette controverse pouvait ĂȘtre le dĂ©clic pour des plateformes plus responsables ? Lâavenir nous le dira.
Credit photo : Steam