🎒Élisabeth Borne et l’orientation dès la maternelle : une polémique qui interroge l’avenir de nos enfants
Toi, derrière ton écran, tu te souviens peut-être de tes rêves d’enfant.
Moi, à 4 ans, je voulais être astronaute-pâtissier – un mélange improbable, mais qui me faisait briller les yeux.
Alors, quand Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, a lâché le 7 avril 2025 sur LCP qu’il faudrait
se préparer très jeune, dès le départ, presque depuis la maternelle, à réfléchir à la façon dont on se projette dans une formation et dans un métier demain
j’ai eu un frisson.
Orientations dès la maternelle ? Sérieusement ? On parle d’enfants qui savent à peine lacer leurs chaussures !
La polémique : une phrase qui met le feu aux poudres
Les mots de la ministre ont immédiatement enflammé les réseaux sociaux et les médias.
Sur X, les parents se sont lâchés avec une ironie mordante :
Mon fils de 4 ans veut être chocolat, quel parcours sur Parcoursup ?
ou encore
Ma fille veut être princesse-sirène, c’est quelle filière ?
Les enseignants, eux, n’ont pas mâché leurs mots.
Guislaine David, du syndicat des professeurs des écoles, a qualifié les propos de “lunaires” sur RMC, ajoutant que Borne, qui avait admis en décembre 2024 ne pas être “spécialiste de l’éducation”, venait de le prouver une fois de plus.
Le contexte de cette déclaration n’est pas anodin.
Élisabeth Borne répondait à une question sur Parcoursup, critiquée pour son orientation tardive et ses 200 000 étudiants en réorientation chaque année sur un million d’inscrits.
Elle voulait souligner qu’il faut repenser l’accompagnement des élèves bien avant le lycée.
Mais parler de maternelle, c’était comme jeter une allumette dans un baril de poudre.
Les critiques ont dénoncé une vision utilitariste de l’école, où l’enfance serait sacrifiée sur l’autel de la productivité.
Le rétropédalage : une clarification en urgence
Face au tollé, Borne a vite corrigé le tir.
Dès le 8 avril, elle a publié sur X :
Non ! On ne va pas orienter les élèves dès la maternelle ! Au contraire, on doit veiller à ne pas conditionner leurs choix d’orientation.
Son entourage, interrogé par l’AFP, a précisé qu’il s’agissait de lutter contre les stéréotypes dès le plus jeune âge, comme l’écart entre filles et garçons en mathématiques, qui se creuse dès le CP. Aujourd’hui, 9 avril 2025, la polémique s’apaise, mais elle laisse un goût amer.
Beaucoup, comme le Café Pédagogique, y voient une déconnexion totale avec la réalité des enfants.
Non ! On ne va pas orienter les élèves dès la maternelle !
Au contraire, on doit veiller à ne pas conditionner leurs choix d’orientation :
– Aujourd’hui le goût des filles pour les mathématiques à l’entrée au CP est le même que celui des garçons.
– Au bout d’un trimestre, il… https://t.co/NngfynyFgD— Élisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) April 8, 2025
Que disent les études scientifiques sur les enfants de maternelle ?
Mais toi, tu te demandes peut-être : est-ce qu’on peut vraiment parler d’orientation à cet âge ?
Regardons ce que dit la science.
Les enfants de 3 à 6 ans, en maternelle, sont dans une phase de développement cognitif et émotionnel clé.
Selon une étude de 2018 du Cairn, ils commencent à développer des notions d’identité et de rôle social à travers le jeu.
Ils imitent des métiers – pompier, docteur, maîtresse – mais c’est purement symbolique.
Leur cerveau n’est pas prêt pour des projections à long terme.
Une autre recherche, menée par le Centre Piaget, montre que la pensée abstraite, nécessaire pour envisager un avenir professionnel, ne se développe qu’à partir de 11-12 ans.
Pire, imposer une réflexion sur l’orientation dès la maternelle pourrait être contre-productif.
Une étude de l’Université de Cambridge en 2020 a révélé que les enfants exposés trop tôt à des pressions académiques ou professionnelles développent plus d’anxiété et moins de créativité.
En gros, à cet âge, ils ont besoin de jouer, d’explorer, pas de remplir un CV !
Les suites : une ministre sous pression
Depuis le 7 avril, l’affaire a suivi un chemin classique : déclaration choc, tollé, rétropédalage, et retour au calme.
Mais elle a révélé une fracture.
D’un côté, Borne veut ouvrir le débat sur une orientation plus égalitaire, en évitant les biais genrés ou sociaux dès le plus jeune âge.
De l’autre, elle a braqué ceux qui veulent protéger l’enfance de toute forme de pression.
Aujourd’hui, aucune mesure concrète n’est prévue pour la maternelle, et la ministre semble avoir appris une leçon : choisir ses mots avec soin.
Toi et moi, on peut se demander : et si on laissait les enfants rêver encore un peu ?
Moi, je n’ai jamais été astronaute-pâtissier, mais ces rêves m’ont appris à imaginer. Et ça, ça n’a pas de prix.