Les trésors d’Abbeville : quand la terre révèle ses secrets vieux de 600 000 ans avec des fossiles préhistoriques, une mâchoire de rhinocéros
Imaginez un peu : on creuse pour poser les fondations d’un immeuble, et bam, on tombe sur un bout de mâchoire qui a vu le jour il y a 600 000 ans.
Pas une vieille relique rouillée, non, mais les os d’un rhinocéros étrusque, un colosse oublié par le temps, accompagné d’un cervidé aux bois majestueux et d’un biface taillé par des mains humaines disparues.
C’est ce qui s’est passé à Abbeville, dans la Somme, fin 2024, lors de fouilles préventives qui ont transformé un chantier lambda en une machine à remonter le temps.
Une trouvaille qui décoiffe
Les archéologues de l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) n’en revenaient pas.
Jean-Luc Locht, l’ingénieur qui pilotait cette expédition dans les strates du passé, a lâché un
Pour nous, c’était le bingo
qui résonne comme une victoire éclatante.
Parce que, soyons honnêtes, des ossements aussi anciens, intacts, dans des couches sédimentaires aussi vieilles, c’est du jamais-vu en France pour des fouilles de ce type.
D’habitude, le temps et l’acidité des sols réduisent ces vestiges en poussière.
Là, la nature a joué les conservatrices zélées, et Abbeville est devenue le théâtre d’une révélation majeure.
Des outils de dentiste pour un trésor préhistorique
Pas question de sortir la pelleteuse ou de taper comme des brutes.
Non, ici, on a sorti l’artillerie fine : pinceaux, cure-dents, instruments dignes d’un cabinet dentaire.
Le climat pourri de novembre-décembre 2024 n’a pas aidé, avec sa pluie incessante qui menaçait de tout transformer en bouillie.
Alors, les experts ont patienté, attendu que le soleil daigne pointer son nez pour dégager ces reliques avec la délicatesse d’un horloger.
Résultat ? Une mâchoire de rhinocéros étrusque, un bout de crâne, des bois de cerf, et un biface qui raconte une humanité balbutiante, entre 500 000 et 550 000 ans d’âge.
Et après ? Un puzzle à assembler
Les ossements, fragiles comme des souvenirs qu’on craint d’effacer, ont filé direct chez un archéozoologue à Lille.
Objectif : les consolider et percer leurs secrets. Pour l’instant, on parle de rhinocéros, de cerfs, peut-être d’éléphants ou de chevreuils.
Mais qui sait ce que ces strates d’Abbeville cachent encore ?
Chaque os est une pièce d’un puzzle préhistorique, et les réponses pourraient finir sous vitrine au musée local. Une manière de rendre à cette ville discrète une gloire qu’elle n’avait pas vue venir.
Un passé qui parle au présent
Ce qui frappe, c’est la rareté de l’événement. Comme le souligne l’INRAP, des découvertes osseuses de cette trempe, on en compte une ou deux par décennie, grand max.
Abbeville, avec ses terres gorgées d’histoire, nous rappelle que sous nos pieds dorment des mondes engloutis.
Et si ce chantier n’avait pas eu lieu ? Ces trésors seraient restés muets, écrasés sous le béton d’un énième bâtiment. Là, ils respirent, ils parlent, et on écoute.