Kristi Noem joue les dures devant des détenus au salvador : « Ne venez pas, sinon c’est la cage ! »… la ministre de trump agite le spectre d’une prison salvadorienne pour effrayer les migrants
Dans un décor digne d’un film dystopique, Kristi Noem, la ministre américaine de la Sécurité intérieure sous Donald Trump, s’est rendue dans une prison de haute sécurité au Salvador pour balancer un message clair aux migrants : franchir illégalement la frontière des États-Unis, c’est risquer de finir derrière des barreaux comme ceux qu’elle exhibe en toile de fond.
Face à des prisonniers alignés, torses nus et tatouages en évidence, elle a lâché dans une vidéo :
Si vous commettez un crime, voici l’une des conséquences auxquelles vous pourriez faire face.
Le ton est donné, et il sent la mise en scène à plein nez.
Cette opération de communication musclée s’inscrit dans une politique d’expulsion massive.
Mi-mars, l’administration Trump a envoyé 238 Vénézuéliens au Salvador, direction le Centre de confinement du terrorisme (Cecot), une méga-prison vantée comme la plus grande d’Amérique latine.
Washington les accuse d’être liés au gang Tren de Aragua, qualifié d’« organisation terroriste ».
Mais du côté de Caracas et des familles, on crie à l’injustice : ce seraient des sans-papiers lambda, pas des criminels.
Pendant ce temps, un juge fédéral avait pourtant suspendu ces expulsions, avant que l’appel de l’administration ne soit rejeté par un trio de magistrats.
Trop tard, les avions avaient déjà décollé.
une mise en garde qui sent la poudre aux yeux
Noem ne s’arrête pas là.
Tout d’abord, ne venez pas dans notre pays illégalement. Vous serez expulsés et poursuivis
martèle-t-elle, avant d’ajouter que cette prison est une arme dans l’arsenal américain contre ceux qui oseraient défier la loi.
Une rhétorique qui fait écho à la croisade de Trump contre ce qu’il appelle une « invasion » de criminels étrangers. Les expulsions de migrants, amplifiées par une loi d’exception réservée aux temps de guerre, sont devenues un outil de propagande bien huilé.
Mais derrière les barreaux et les discours, ça grince. Amnesty International fustige ces pratiques, pointant un « mépris flagrant » des droits humains.
Juan Pappier, de Human Rights Watch, renchérit : beaucoup de ces expulsés ne seraient pas des gangsters, mais des victimes exposées à des abus dans les geôles salvadoriennes.
Le danger ? Que les États-Unis continuent d’envoyer des innocents dans ce piège carcéral.
bukele et trump, duo infernal ?
Au Salvador, Nayib Bukele, le président aux méthodes musclées, joue les hôtes complaisants. Lors de sa rencontre avec Noem, il a été remercié pour sa « collaboration » dans l’accueil des expulsés.
Un deal juteux : Washington a lâché environ six millions de dollars pour que ces Vénézuéliens soient enfermés au Cecot.
En échange, Bukele évite que ses propres compatriotes ne soient renvoyés chez lui.
Pour le politologue Napoleon Campos, c’est une stratégie claire : se faire bien voir par l’Oncle Sam.
Cette alliance ne passe pas inaperçue. Les défenseurs des droits humains s’étranglent devant ce qu’ils appellent une dérive autoritaire, soutenue par la première puissance mondiale.
Carlos Carcach, universitaire salvadorien, déplore une image déjà ternie par les purges anti-gangs de Bukele – 86 000 arrestations, dont des milliers d’innocents relâchés après coup. Pour lui, cette coopération avec Trump ne fait qu’enfoncer le clou.
une tournée pour enfoncer le message
Noem, elle, poursuit son périple.
Après le Salvador, direction la Colombie et le Mexique, histoire de marteler encore son message anti-migrants.
Pendant ce temps, un cabinet d’avocats mandaté par le Venezuela tente de faire libérer certains détenus via la Cour suprême salvadorienne.
La bataille juridique est lancée, mais face à la machine Trump-Bukele, le combat s’annonce rude. »
Credit photo : Alex Brandon/AP/SIPA