Un théâtre délogé, des migrants évacués le matin de la journée du recyclage, une invitation à repenser nos déchets, à leur offrir une seconde vie : ironie ou message caché ?
Ce matin, mardi 18 mars 2025, alors que le soleil peinait à percer les brumes de l’aube, la police a procédé à l’évacuation de plusieurs centaines de migrants illégaux qui avaient trouvé refuge au théâtre de la Gaîté, à Paris.
Une opération d’envergure, menée avec cette froide efficacité que les autorités savent déployer quand l’ordre est en jeu.
Mais le calendrier, lui, ne manque pas de sel : cette intervention coïncide avec la Journée mondiale du recyclage.
Faut-il y lire une coïncidence fortuite, un clin d’œil malicieux du destin, ou une intention plus profonde, presque philosophique, de la part d’un gouvernement qui jongle avec les symboles comme un dramaturge avec ses actes ?
Le théâtre, lieu de vie et de résistance
Le théâtre de la Gaîté, ce vieux bastion de la culture populaire, n’en est pas à sa première reconversion.
Ces derniers mois, il était devenu un abri précaire pour ces âmes en transit, ces hommes et femmes venus d’ailleurs, porteurs de rêves aussi lourds que leurs silences.
Ils y avaient improvisé une scène de survie, loin des projecteurs et des applaudissements.
Pourtant, ce matin, les forces de l’ordre ont mis fin à cette pièce muette, dispersant les acteurs d’une histoire qui ne trouvera pas son dénouement sous les ors de la salle.
🚨 🇫🇷 Expulsion des migrants de La Gaîté Lyrique après trois mois d’occupation !
« Papiers pour tous, on reste à Paris. »
Credit : Remy Buisine pic.twitter.com/ODEzz0ZtSr
— Wolf 🐺 (@PsyGuy007) March 18, 2025
Recyclage : une métaphore maladroite ?
Et puis, il y a cette date, ce 18 mars, où le monde célèbre le recyclage – une invitation à repenser nos déchets, à leur offrir une seconde vie.
Ironie mordante ou pure contingence ?
Certains pourraient y voir une forme d’humour noir de la part des autorités : évacuer des vies jugées « en trop » le jour où l’on vante la réhabilitation de ce qui est usé.
Mais ne soyons pas trop prompts à juger.
Peut-être ce télescopage révèle-t-il une vérité plus subtile : dans une société obsédée par l’efficacité, que recycle-t-on vraiment ?
Les objets, certes, mais quid des humains, ces « rebuts » d’un système qui ne sait plus les intégrer ?
Un signe à méditer
Loin de moi l’idée de prêter au gouvernement une malice de marionnettiste.
Les rouages du pouvoir sont souvent plus mécaniques que poétiques. Pourtant, cette superposition d’événements invite à une réflexion.
Évacuer des migrants un jour dédié au renouveau, n’est-ce pas, malgré tout, une manière de questionner notre capacité collective à « recycler » nos valeurs ?
À offrir une place à ceux que l’on préfère souvent reléguer dans l’ombre ?
Le théâtre de la Gaîté, vidé de ses occupants, reste une scène ouverte.
À nous d’écrire la suite – ou de la laisser tragiquement muette, mais tout ça me rappelle étrangement la récente bourde de la journée de la lutte contre l’obésité, organisée par le gouvernement le jour du mardi gras…😁