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Le mot « Gwers » est-il une insulte raciste anti-blanc ?

Le Saviez-vous ? Vie & Société
Temps de lecture : 3 minutes

Gwers : Quand un mot nouveau dévoile un monde caché


À 52 ans, je ne prĂ©tends pas ĂȘtre un fin connaisseur de toutes les expressions qui jaillissent quotidiennement dans le bouillonnement linguistique des jeunes gĂ©nĂ©rations en France.
Le temps file, les mots se rĂ©inventent, et moi, je reste parfois en marge de ces Ă©volutions, observant avec une curiositĂ© mĂȘlĂ©e d’étonnement.
C’est ainsi que, ce matin, au dĂ©tour d’un post sur X, j’ai dĂ©couvert le terme « gwers ».

Un mot inconnu jusqu’alors, qui m’a immĂ©diatement intriguĂ©, d’autant plus qu’il semblait porter en lui une charge bien plus lourde qu’une simple nouveautĂ© lexicale : certains l’associent Ă  un mouvement raciste, plus prĂ©cisĂ©ment au « mouvement raciste anti-blanc ».
Pour moi, les derniÚres insultes du genre que je connaissais étaient « Casse-toi de là le toubab » ou « nardine mouk le coton tige »

Comme à mon habitude, je n’ai pas pu me contenter de cette premiùre impression.
Mon instinct de curieux, teintĂ© d’une passion pour les mĂ©andres du langage et des idĂ©es, m’a poussĂ© Ă  creuser.
Que signifie vraiment « gwers » ?
D’oĂč vient-il ? Et surtout, est-il vĂ©ritablement le porte-Ă©tendard d’une haine raciale ?

Voici ce que j’ai dĂ©couvert au fil de mes recherches, un voyage dans les strates de la langue et de la sociĂ©tĂ©.

Un mot aux racines profondes et mouvantes

« Gwers » n’est pas une invention rĂ©cente sortie de l’imagination dĂ©bordante des rĂ©seaux sociaux.
Comme le terme « Wesh » que j’ai analysĂ© ce matin pour cette mĂȘme rubrique « Le Saviez-vous? », le terme provient de la langue arabe.
Selon les sources, il s’agit d’un emprunt Ă  l’arabe algĂ©rien, oĂč « gwer » dĂ©signe une personne blanche, un Occidental, ou encore un non-musulman.
Un terme qui, Ă  l’origine, n’est pas nĂ©cessairement une insulte, mais une description.

Pourtant, comme souvent avec les mots, son sens s’est transformĂ© en traversant les frontiĂšres et les cultures.
En France, il a pris une teinte pĂ©jorative, parfois utilisĂ©e pour moquer ou dĂ©nigrer les Blancs, ou mĂȘme les personnes d’origine maghrĂ©bine accusĂ©es d’adopter des comportements jugĂ©s « trop occidentaux ».

Une ambivalence fascinante, qui reflùte autant une critique sociale qu’un jeu identitaire.

Un lien avec le racisme anti-blanc ?

L’association de « gwers » Ă  un mouvement raciste anti-blanc mĂ©rite qu’on s’y attarde.
Sur X et ailleurs, certains dĂ©noncent son usage comme une preuve d’une hostilitĂ© croissante envers les Blancs, un symptĂŽme d’un racisme inversĂ© qui viendrait bousculer l’ordre Ă©tabli.


Les posts que j’ai lus Ă©voquent des anecdotes, des injures lancĂ©es dans la rue ou en ligne, oĂč « gwers » devient une arme verbale.
Pourtant, en Ă©largissant le regard, on constate que cette perception est loin d’ĂȘtre unanime.

Pour beaucoup, ce mot reste un simple argot, un clin d’Ɠil ironique ou une provocation sans vĂ©ritable ancrage idĂ©ologique.
Les chercheurs en sociologie, eux, rappellent que le racisme, dans sa dĂ©finition structurelle, implique un systĂšme de domination – un critĂšre que « gwers » ne remplit pas nĂ©cessairement, faute de pouvoir institutionnel derriĂšre son emploi.

Un mot ancrĂ© ou une tempĂȘte dans un verre d’eau ?

Alors, « gwers » est-il vraiment enraciné dans la langue française comme une insulte raciste anti-blanc ?
À ce jour, il semble plutît flotter dans une zone grise.
Il existe, il circule, mais il n’a pas encore la force ni la reconnaissance d’un terme pleinement intĂ©grĂ© au lexique des haines raciales.

Il est davantage le reflet d’une Ă©poque troublĂ©e, oĂč les tensions identitaires s’expriment dans des mots qui cherchent encore leur place.

Pour ma part, je vois en « gwers » une invitation Ă  rĂ©flĂ©chir : sur la maniĂšre dont le langage Ă©volue, sur les fractures qu’il rĂ©vĂšle, et sur notre capacitĂ© collective Ă  dĂ©passer les Ă©tiquettes pour retrouver un dialogue.

À 52 ans, je ne suis peut-ĂȘtre pas au fait de tous les codes, mais je sais une chose : les mots ne sont jamais innocents.
À nous de dĂ©cider ce qu’ils deviendront demain.


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